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En Islande, plongée dans la plus grande usine au monde de captage de CO2 dans l’air

L’usine Orca, à Hellisheidi, en Islande, le 7 septembre 2021. BLOOMBERG VIA GETTY IMAGES

Vue de loin, l’épaisse vapeur blanche se mêle aux nuages gonflés de pluie qui s’accumulent au-dessus du volcan Hengill. Autour, quelques randonneurs automnaux s’aventurent entre les fumerolles soufrées s’échappant des collines où se niche la centrale géothermique de Hellisheidi. Celle-ci alimente en eau chaude et en électricité la capitale, Reykjavik, à trente kilomètres. Mais elle abrite également Orca, la plus grande usine de captage dans l’air et de stockage de dioxyde de carbone (CO2) au monde, inaugurée en grande pompe il y a un mois, le 8 septembre.

« Nous en sommes fiers, ce projet va contribuer à changer la donne dans la lutte contre le réchauffement climatique », s’enthousiasme Kristjan Mar Atlason, chez ON Power, la filiale de Reykjavik Energy dirigeant la centrale, qui fournit Orca en énergie renouvelable. Non loin des vapeurs s’échappant de larges conduits, quatre immenses collecteurs, chacun assorti de 24 ventilateurs, turbinent discrètement. L’air aspiré passe dans un matériau filtrant qui isole le CO2, ensuite chauffé à près de 100 °C. Ce procédé de capture directe dans l’air (« direct air capture » en anglais, DAC) a été mis au point par Climeworks, une start-up suisse née en 2009.

La suite du captage-stockage est prise en charge par Carbfix, une filiale de Reykjavik Energy, née d’un partenariat entre l’Université d’Islande, une équipe toulousaine du Centre national de la recherche scientifique et l’Université Columbia en 2006. « Le CO2 est ensuite dissous dans l’eau », explique Kari Helgason, responsable de la recherche chez Carbfix, tout en désignant une tour grise greffée sur un bâtiment métallique : « Elle fonctionne un peu comme une machine à fabriquer l’eau gazeuse, en injectant le gaz dans le liquide. »

1 000 mètres de profondeur

Kari Helgason saute en voiture pour rejoindre, un peu plus loin, un dôme d’acier relié à des pipelines verts : l’un des puits d’enfouissement. Là, l’eau contenant le CO2 est injectée à 1 000 mètres de profondeur. Une réaction chimique avec les minéraux contenus dans le basalte se produit alors, grâce à laquelle le dioxyde de carbone se transforme en pierre en deux ans, contre quelques millions d’années lorsque le procédé intervient naturellement. « C’est sûr et stable », certifie Silja Y Eythorsdottir, de Carbfix, brandissant une carotte de basalte, dont chaque aspérité a été comblée par du dioxyde de carbone minéralisé.

Depuis 2014, Carbfix a déjà injecté 72 500 tonnes de CO2 dans le sol, capté cette fois directement auprès de la centrale de Hellisheidi. « Car une très faible fraction de CO2 remonte avec la vapeur d’eau issue des poches souterraines », précise Kristjan Mar Atlason. A terme, l’usine Orca, menée conjointement par Carbfix et Climeworks, pourra enfouir 4 000 tonnes de CO2 par an – l’équivalent des émissions annuelles d’un peu moins de 900 voitures. Une goutte d’eau, au regard des 43,1 milliards de tonnes émises mondialement en 2019.

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