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Dernières tractations à l’OCDE sur la taxation des multinationales

Les derniers obstacles sur la taxation mondiale des multinationales bientôt franchis? Au lendemain du très symbolique ralliement de l’Irlande, plus d’une centaine de pays négocient vendredi sous l’égide de l’OCDE les détails de cette réforme historique.

L’organisation internationale devrait faire des annonces en fin de journée sur la future taxation internationale, censée lutter contre les stratégies d’optimisation permettant aux grandes entreprises d’échapper en partie à l’impôt.

Un accord sur les grandes lignes avait été trouvé en juillet, il s’agit désormais de définir des paramètres techniques, mais objets d’âpres négociations entre Etats aux stratégies fiscales nationales très variées.

Le ministre des Finances de l’Irlande Paschal Donohoe, lors d’une conférence de presse, à Dublin, le 7 octobre 2021 (POOL/AFP – STRINGER)

Un verrou clé a d’ores et déjà sauté avec le ralliement jeudi de l’Irlande et de l’Estonie, deux pays qui rechignaient jusque là à apposer leur paraphe au texte.

Pour Dublin, qui abrite les sièges européens d’Apple, Facebook et Google, l’assurance que le taux minimum de taxation pour les groupes réalisant plus de 750 millions d’euros de chiffre d’affaires ne dépasserait pas 15% a été décisive. L’accord de juillet mentionnait « au moins » 15%, laissant la porte ouverte à un relèvement.

– « Enorme avancée » –

Le « oui » irlandais a été qualifié d’ »énorme avancée » par le commissaire européen à l’Economie Paolo Gentiloni, jeudi sur Twitter.

Les bureaux de Facebook, dans le quartier des affaires du centre de Dublin, le 7 octobre 2021 (AFP – PAUL FAITH)

La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a quant à elle affirmé que l’on était « en passe d’aboutir à un changement comme il n’en arrive qu’un par génération ».

Sur les 140 pays et territoires associés aux négociations à l’OCDE, quatre pays manquent encore à l’appel, dont la Hongrie.

Budapest, qui propose un taux d’imposition sur les sociétés de 9%, fait partie des Etats misant sur l’attractivité fiscale et négocie l’un des points clés encore en débats: les déductions qui seront autorisées pour calculer la base imposable pour les multinationales.

L’autre gros morceau porte sur les montants des recettes fiscales qui seront redistribués dans les pays où les multinationales ont des activités et des clients, mais pas de siège social.

Cela concerne seulement les très grands groupes qui enregistrent plus de 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires chaque année et affichent une rentabilité élevée.

S’il est présenté comme historique par de nombreux dirigeants, le texte reste critiqué par de ONG et certains économistes pour son manque d’ambition et les inégalités qu’il entraînerait.

D’après l’ONG Oxfam, avec un taux d’imposition à 15%, les recettes fiscales supplémentaires dégagées bénéficieront pour les deux tiers aux pays riches du G7 et à l’Union européenne. Les pays les plus pauvres récupèreront moins de 3%.

Quant à la redistribution des recettes fiscales aux Etats où l’activité des multinationales est réalisée, « les Etats-Unis et l’Europe vont essentiellement en bénéficier », affirme à l’AFP Daniel Bunn, responsable des projets internationaux à la Tax Foundation, à Washington. Car les multinationales « y abritent leurs sièges sociaux et la plupart de leurs clients ».

Saluant « un grand geste en avant » qui permet de « supprimer certaines failles », le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz a aussi regretté jeudi lors d’une conférence de presse un accord qui « ne s’adresse pas assez aux inquiétudes des pays en développement et des pays émergents ». L’économiste militait pour une taxe minimum de 25%.

L’objectif est une mise en application de la réforme d’ici 2023, le temps d’adapter les législations. Mais certaines questions restent en suspens, telles que la capacité de l’administration américaine à imposer la réforme au Congrès.

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