France World

En Autriche, le chancelier accusé de corruption

Sebastian Kurz, à Vienne, le 11 juin 2021. LISA LEUTNER / AP

Des policiers à la chancellerie, au siège du Parti populaire autrichien, au ministère des finances… Le parquet anticorruption autrichien a provoqué une véritable crise politique en organisant, mercredi 6 octobre, des perquisitions dans les plus hauts lieux de pouvoir à Vienne. Dans un communiqué, les procureurs ont confirmé que leurs enquêtes visent directement le jeune et très populaire chancelier conservateur Sebastian Kurz, pour « détournement de fonds, corruption et trafic d’influence ».

Avec neuf de ses proches, M. Kurz aurait organisé « entre 2016 et au moins 2018 » une campagne de « sondages manipulés » en sa faveur et financés par le contribuable. Pour l’instant, M. Kurz, 35 ans, n’est pas mis en examen dans cette affaire, mais c’est la deuxième fois en quelques mois qu’il est visé par une enquête. En mai, le parquet avait déjà ouvert contre lui des investigations pour « faux témoignage », qui semblent désormais bien moins menaçantes que cette nouvelle procédure.

Même s’il conteste les faits et a annoncé qu’il ne démissionnerait pas en demandant « le respect de la présomption d’innocence », ces enquêtes judiciaires fragilisent la carrière expresse de ce Wunderkind (« enfant prodige ») de la droite dure autrichienne. « On se demande comment il pourrait survivre à ça (…) le gouvernement est au bord de l’explosion », soulignait d’ailleurs, jeudi 7 octobre, le quotidien conservateur Die Presse dans son éditorial, en qualifiant les faits « de bien corroborés ».

Mal à l’aise

Selon les enquêteurs, les « sondages manipulés » auraient été commandés par l’ancien secrétaire général du ministère des finances, un proche de M. Kurz, à une époque où ce dernier était ministre des affaires étrangères et cherchait à prendre la place de l’ex-président du Parti populaire autrichien (ÖVP), Reinhold Mitterlehner. Ces sondages montrant que M. Kurz était nettement plus populaire que son prédécesseur ont ensuite fait l’objet d’articles favorables dans le groupe de presse tabloïd et proche de la droite Österreich. Selon les enquêteurs, le groupe de média aurait en échange obtenu 1,3 million d’euros de campagne de publicité du ministère des finances.

Les Verts, avec qui l’OVP gouverne, se sont pour l’instant contentés d’affirmer « avoir totalement confiance dans la justice »

Après avoir pris la tête du parti, M. Kurz est ensuite devenu chancelier en 2017 à 31 ans seulement en s’alliant d’abord avec l’extrême droite. Depuis début 2020, il gouverne avec Les Verts. Mal à l’aise, ces derniers se sont pour l’instant contentés d’affirmer « avoir totalement confiance dans la justice ». Leur gêne est d’autant plus grande que l’ÖVP de M. Kurz multiplie les attaques contre les procureurs. Un député du parti a ainsi qualifié les procédures de « politiquement motivées » par « des cellules rouges » au sein du parquet anticorruption.

Il vous reste 18.96% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article En Autriche, le chancelier accusé de corruption est apparu en premier sur zimo news.

France World

En Autriche, le chancelier accusé de corruption

Sebastian Kurz, à Vienne, le 11 juin 2021. LISA LEUTNER / AP

Des policiers à la chancellerie, au siège du Parti populaire autrichien, au ministère des finances… Le parquet anticorruption autrichien a provoqué une véritable crise politique en organisant, mercredi 6 octobre, des perquisitions dans les plus hauts lieux de pouvoir à Vienne. Dans un communiqué, les procureurs ont confirmé que leurs enquêtes visent directement le jeune et très populaire chancelier conservateur Sebastian Kurz, pour « détournement de fonds, corruption et trafic d’influence ».

Avec neuf de ses proches, M. Kurz aurait organisé « entre 2016 et au moins 2018 » une campagne de « sondages manipulés » en sa faveur et financés par le contribuable. Pour l’instant, M. Kurz, 35 ans, n’est pas mis en examen dans cette affaire, mais c’est la deuxième fois en quelques mois qu’il est visé par une enquête. En mai, le parquet avait déjà ouvert contre lui des investigations pour « faux témoignage », qui semblent désormais bien moins menaçantes que cette nouvelle procédure.

Même s’il conteste les faits et a annoncé qu’il ne démissionnerait pas en demandant « le respect de la présomption d’innocence », ces enquêtes judiciaires fragilisent la carrière expresse de ce Wunderkind (« enfant prodige ») de la droite dure autrichienne. « On se demande comment il pourrait survivre à ça (…) le gouvernement est au bord de l’explosion », soulignait d’ailleurs, jeudi 7 octobre, le quotidien conservateur Die Presse dans son éditorial, en qualifiant les faits « de bien corroborés ».

Mal à l’aise

Selon les enquêteurs, les « sondages manipulés » auraient été commandés par l’ancien secrétaire général du ministère des finances, un proche de M. Kurz, à une époque où ce dernier était ministre des affaires étrangères et cherchait à prendre la place de l’ex-président du Parti populaire autrichien (ÖVP), Reinhold Mitterlehner. Ces sondages montrant que M. Kurz était nettement plus populaire que son prédécesseur ont ensuite fait l’objet d’articles favorables dans le groupe de presse tabloïd et proche de la droite Österreich. Selon les enquêteurs, le groupe de média aurait en échange obtenu 1,3 million d’euros de campagne de publicité du ministère des finances.

Les Verts, avec qui l’OVP gouverne, se sont pour l’instant contentés d’affirmer « avoir totalement confiance dans la justice »

Après avoir pris la tête du parti, M. Kurz est ensuite devenu chancelier en 2017 à 31 ans seulement en s’alliant d’abord avec l’extrême droite. Depuis début 2020, il gouverne avec Les Verts. Mal à l’aise, ces derniers se sont pour l’instant contentés d’affirmer « avoir totalement confiance dans la justice ». Leur gêne est d’autant plus grande que l’ÖVP de M. Kurz multiplie les attaques contre les procureurs. Un député du parti a ainsi qualifié les procédures de « politiquement motivées » par « des cellules rouges » au sein du parquet anticorruption.

Il vous reste 18.96% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article En Autriche, le chancelier accusé de corruption est apparu en premier sur zimo news.