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Allemagne : en Rhénanie-Palatinat, les leçons de la coalition « feu tricolore »

Les dirigeants locaux  du SPD, des Verts et des libéraux de Rhénanie-Palatinat, le 23 mars à Mayence. Malu Dreyer (au centre) et Volker Wissing  (à droite) représentent le SPD et le FDP dans les négociations fédérales. ARNE DEDERT / DPA PICTURE-ALLIANCE VIA AFP

A Mayence, c’est bien connu, tout commence par un bon vin. Dans la capitale du Land viticole de Rhénanie-Palatinat, ancien fief d’Helmut Kohl, jumelé depuis quarante ans avec la Bourgogne, les responsables politiques ne manquent jamais de préciser qu’une journée de discussions difficiles se termine souvent par un dîner arrosé d’un des cépages de la région. « Personnellement, c’est le riesling que je préfère, précise Daniela Schmitt, ministre régionale de l’économie, membre du parti libéral FDP. C’est le vin qui fait le plus souvent l’unanimité. »

La culture de la convivialité, même entre adversaires, est un marqueur de la culture politique de ce Land plutôt rural de 4 millions d’habitants. Un élément considéré comme l’une des clés du succès de la coalition – unique en Allemagne –, qui dirige le gouvernement régional à Mayence depuis 2016, et qui a été reconduite au printemps. Cette combinaison politique, surnommée « coalition feu de circulation » ou « feu tri­colore », en référence aux couleurs des partis qui la composent – rouge pour le SPD, jaune pour le FDP, vert pour les écologistes – fait actuellement l’objet de toutes les attentions à Berlin : mercredi 6 octobre, ces trois partis ont annoncé leur intention de négocier en vue de former, pour la première fois dans l’histoire allemande, un gouvernement « feu tricolore » au niveau fédéral, sous la direction d’un possible chancelier social-démocrate, Olaf Scholz (SPD).

Comment une coalition de ce type peut-elle fonctionner, malgré les divergences profondes entre les partis ? Et surtout, une telle alliance est-elle moins stable que la traditionnelle coalition à deux ? Telles sont les questions qui inquiètent observateurs et responsables politiques depuis que l’option « feu tricolore » semble s’imposer dans les discussions issues des élections du 26 septembre. Rien d’étonnant, donc, à ce que deux figures politiques de Rhénanie-Palatinat aient été choisies pour mener les négociations pour leurs partis respectifs : Malu Dreyer, la populaire ministre-présidente SPD de la région Rhénanie-Palatinat, et Volker Wissing, ancien ministre régional de l’économie, actuel secrétaire général du FDP. Les deux responsables politiques se tutoient et entretiennent une relation de confiance grâce à cinq années de travail gouvernemental à Mayence.

Tables en triangle équilatéral

« Entre Dreyer et Wissing, le courant est tout de suite passé », se souvient Bernhard Braun, président du groupe parlementaire écologiste à Mayence, qui a travaillé étroitement avec eux depuis 2016. M. Braun affiche l’allure typique des écologistes allemands de la première heure : avec son costume, il porte des baskets blanches, qui s’accordent parfaitement avec ses cheveux coupés en carré long. A 63 ans, il a une longue expérience de la politique régionale. « Il y a cinq ans, l’alliance SPD-Verts ne suffisait plus pour former une majorité. Il fallait s’allier avec le FDP. Au début, nous nous sommes posé la même question qui agite Berlin en ce moment : comment former une coalition à trois ? »

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