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En Russie, un lanceur d’alerte dénonce un système de viols organisés en prison

Des images de tortures et de viols commis dans une prison russe, publiées depuis le 4 octobre par un lanceur d’alerte, suscitent une émotion importante en Russie et, fait rare, une réaction des autorités.

Le défenseur des droits de l’homme Vladimir Osetchkine – réfugié en France, d’où il continue de diriger Gulagu.net, une ONG spécialisée dans la défense des prisonniers et la dénonciation des crimes commis en prison – dit détenir mille vidéos documentant des cas de violences, tournées pour l’essentiel dans la prison-hôpital pour tuberculeux de la région de Saratov.

La première d’entre elles, datée du 18 février 2020, montre un détenu bras et jambes liés hurler de douleur pendant qu’il se fait violer avec une perche. Un autre homme tient la victime, pendant qu’un troisième filme la scène, non pas avec un simple téléphone portable mais avec le matériel vidéo de l’administration pénitentiaire.

Image extraite d’une vidéo récupérée par l’ONG Gulagu.net, tournée dans la prison-hôpital pour tuberculeux de la région de Saratov :

D’autres vidéos ont été publiées depuis, et Le Monde a eu accès à d’autres documents montrant des scènes de viol ou d’humiliation. Pour Vladimir Osetchkine, ce qui est montré ici n’est pas un dérapage dans une prison en particulier, mais un système bien rodé dirigé par l’administration pénitentiaire, qui utilise à dessein plusieurs lieux de détention comme des centres de torture et de viol.

Tortures commises par des détenus

Sans aller jusqu’à reprendre ces accusations, les autorités ont annoncé des inspections à Saratov, qui seront menées par l’administration pénitentiaire, le comité d’enquête et le bureau du procureur. Le directeur de la prison et trois de ses subordonnés ont été limogés. Le directeur de l’administration pénitentiaire de la région, lui, a démissionné, mais sa décision est présentée comme antérieure à la publication des vidéos. Interrogé sur le sujet, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé qu’une « procédure sérieuse » serait nécessaire si l’authenticité des images était établie.

De fait, ce scandale est bien plus gros que les nombreux cas de tortures dénoncés depuis des années par les organisations de défense des droits de l’homme, ou traités par la justice. « C’est la première fois qu’on a autant d’informations d’un coup, et provenant directement de l’administration », note Vladimir Osetchkine, qui assure que les 40 gigaoctets (Go) de données documentent environ 500 cas de violences, dont une quarantaine de viols.

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