Entre manœuvres militaires et échanges acerbes, les tensions montent entre l’Iran et son voisin du nord-ouest, l’Azerbaïdjan. Téhéran accuse Bakou de permettre à Israël, l’ennemi de toujours, de mener des « agissements provocateurs » à la frontière irano-azerbaïdjanaise. Les dirigeants iraniens affirment ainsi qu’ils ne toléreront pas des activités israéliennes ni « des changements géopolitiques dans la région et aux frontières ». Des « accusations sans fondement », répond l’Azerbaïdjan.
Dimanche 3 octobre, le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a attaqué « les pays de la région » (une allusion à l’Azerbaïdjan), accusés de s’appuyer sur des puissances étrangères (une référence à Israël) pour garantir leur propre sécurité. « Ceux qui entretiennent cette illusion recevront rapidement une gifle en plein visage », a-t-il menacé.
Si l’Iran se méfie de l’influence croissante d’Israël en Azerbaïdjan, c’est parce que Bakou, qui entretient des relations diplomatiques avec l’Etat hébreu depuis la chute de l’Union soviétique, au début des années 1990, est aussi secrètement l’un des principaux clients de l’industrie militaire israélienne. En 2016, le président Ilham Aliev avait déclaré que Bakou avait dépensé 5 milliards de dollars en équipement militaire en provenance d’Israël. Tel-Aviv a même été son premier fournisseur étranger en armes de 2017 à 2019, avec des ventes dépassant les 375 millions de dollars, selon l’Institut international de recherche de la paix de Stockholm.
« Coopération tenue secrète »
« C’est peut-être plus encore, affirme au Monde Anar Valiyev, professeur associé à l’université Ada, à Bakou. Cette coopération est tenue secrète pour ne pas fâcher l’Iran, mais, depuis au moins une quinzaine d’années, Israël fournit des armes et des conseillers militaires à l’Azerbaïdjan, qui l’aident pour le renseignement et l’entraînement. Cette alliance militaire s’est encore renforcée lors de la guerre au Haut-Karabakh [face à l’Arménie] à l’automne 2020. Israël a ainsi apporté une aide décisive à Bakou en lui fournissant notamment des drones de haute technologie. »
Les frictions entre Téhéran et Bakou ont commencé cet été, lorsque l’ambassadeur iranien en Azerbaïdjan a été convoqué par les autorités au motif que des camionneurs iraniens seraient entrés « illégalement » en Azerbaïdjan depuis l’Arménie. Depuis sa victoire écrasante au Haut-Karabakh et la reconquête des zones tampons autour de l’enclave disputée, Bakou affirme que certains tronçons de la route reliant deux villes-clés de l’Arménie, Goris et Kapan, sont sur son territoire. Aux yeux des responsables azerbaïdjanais, emprunter cette route revient donc à franchir la frontière illégalement. Fin août, les militaires azerbaïdjanais avaient même interdit toute circulation pendant quarante-huit heures, bloquant le trafic entre l’Iran et l’Arménie. Deux camionneurs iraniens, arrêtés par l’Azerbaïdjan mi-septembre, restent toujours détenus, malgré les demandes de libération de Téhéran.
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