A un peu plus de six mois de l’élection présidentielle, l’exécutif s’efforce de convaincre les Français, notamment les plus modestes, que leur pouvoir d’achat a nettement progressé durant le quinquennat d’Emmanuel Macron, au moment où le débat se focalise sur l’inflation et la question des salaires.
Une augmentation du revenu disponible global de 8% en cinq ans, soit une progression bien supérieure aux quinquennats précédents: c’est le chiffre que le gouvernement met en avant dans un document annexé au projet de budget pour 2022 publié lundi.
Cet argumentaire, multiples chiffres à l’appui, vise à tenter de balayer une fois pour toutes l’image d’un Emmanuel Macron « président des riches », qui supprime l’impôt sur la fortune et plafonne la fiscalité sur le capital.
Une critique qui s’appuyait aussi sur plusieurs études d’institutions économiques, comme l’OFCE et l’Institut des politiques publiques (IPP), dont les recherches montraient que les ménages aisés avaient davantage profité des mesures fiscales et sociales mises en place entre 2017 et 2019.
Le gouvernement a ainsi passé au crible l’effet d’une quarantaine de mesures prises depuis le début du quinquennat (prime d’activité, suppression de la taxe d’habitation, baisse des APL, réforme de l’assurance chômage, suppression de l’ISF, etc.)
Selon ses calculs, le revenu disponible brut des ménages, un des indicateurs de pouvoir d’achat, « serait ainsi supérieur d’environ 8% en 2022 à son niveau de 2017 », après prise en compte de l’inflation.
Environ un tiers de cette hausse proviendrait directement des mesures fiscales et sociales mises en œuvre, le reste provenant de la contribution de la croissance économique et des créations d’emplois (+827.000 emplois salariés depuis 2017).
Cette progression « est près de deux fois plus forte que sur la période 2013-2017 (+4%), et deux fois plus forte que sur la période 2008-2012 (+3,5%) », et avec « un gain plus marqué pour les revenus les plus modestes », souligne le gouvernement.
– Ressenti différent –
Ménages : pouvoir d’achat et consommation (AFP – Tupac POINTU)
« Les mesures prises dans leur ensemble entraînent une hausse de niveau de vie allant d’environ 2% » pour la plupart des ménages, quel que soit leur niveau de vie. Cette hausse atteint 4% pour les 10% de ménages les plus modestes, insiste le gouvernement dans le document.
Comme le répète souvent le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, un travailleur au Smic a vu son revenu augmenter de 170 euros par mois sur le quinquennat directement grâce aux mesures gouvernementales.
Une manière de « faire la vérité des chiffres », défend-on à l’Elysée, alors que 56% des Français estiment que leur pouvoir d’achat a baissé depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée, selon un sondage OpinionWay-Square pour Les Echos et Radio Classique réalisé mi-septembre.
« Il ne faut pas non plus mésestimer qu’il reste des hétérogénéités », en fonction des niveaux de revenus, des lieux d’habitation ou des modes de transport et de chauffage, ajoute-t-on encore à l’Elysée, alors que la flambée actuelle des prix de l’énergie va pénaliser plus fortement les ménages modestes qui consacrent une part plus importante de leur revenu aux dépenses de chauffage et de carburants.
De quoi risquer de ternir le bilan économique du quinquennat à six mois de l’élection présidentielle, au moment où les futurs concurrents du président de la République multiplient les propositions pour augmenter les salaires.
C’est d’ailleurs une des raisons qui a poussé le gouvernement à bloquer les tarifs du gaz et à plafonner la future hausse des tarifs de l’électricité, une réponse ciblée « sur des facteurs très saillants en termes de ressenti de pouvoir d’achat », reconnait-on à l’Elysée.
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