Dans la pensée chinoise ancienne, zhong guo (le « pays du milieu ») est au centre du monde civilisé et tient à distance la barbarie. Cette position, centrale, est par essence l’aspiration du régime communiste chinois, qui déploie « une stratégie systémique » d’influence sur les autres pays, notamment la France, souligne le rapport d’information de la mission sénatoriale sur les influences étatiques extra-européennes dans le monde universitaire et académique français et leurs incidences, publié mardi 5 octobre.
D’autres pays comme la Russie, la Turquie, certains Etats du golfe Persique sont également mentionnés par la mission, « mais aucun ne peut se targuer des moyens et de l’ampleur de la stratégie chinoise, qui joue sur de multiples tableaux et ne dissimule plus sa volonté d’occuper une position centrale dans les relations internationales et de faire prévaloir ses vues », expliquent le rapporteur André Gattolin, sénateur LRM des Hauts-de-Seine, et Etienne Blanc, président de la mission, sénateur LR du Rhône.
Le document relate trois cas illustrant cette emprise. L’annulation, par Sciences Po, d’une conférence du dalaï-lama en septembre 2016 et le maintien par l’Inalco de cette même visite programmée dans son établissement, malgré « des lettres de l’ambassade » et « des menaces sous-entendues d’arrêt, voire de retrait de bourses ». Ensuite, la mise en cause publique du chercheur Antoine Bondaz, traité de « petite frappe », de « troll idéologique » et enfin de « hyène folle » par Lu Shaye, ambassadeur de Chine en France en mars, en conséquence de sa dénonciation des pressions de la Chine sur des sénateurs qui voulaient se rendre à Taïwan.
Dernier cas, celui du piratage en direct d’un cours en ligne, rendu illisible par un groupe pro-turc, alors que la chercheuse Claire Mouradian présentait l’image d’un monument patrimonial arménien menacé, le 3 décembre 2020.
Plus grande diaspora étudiante
L’activisme dans le monde académique vise deux objectifs : d’abord « l’influence », passant par le façonnage de l’image ou de la réputation d’un Etat, en priorité par l’instrumentalisation des sciences humaines et sociales, notamment de l’histoire. Ensuite, « la captation », induisant l’accès à des données scientifiques protégées par la propriété intellectuelle, et leur transfert, en priorité dans les sciences liées à la technologie, à l’ingénierie et à la mécanique.
Avec un effectif estimé à 47 500 étudiants par l’ambassade de Chine, l’empire du Milieu est le premier pays d’origine des étudiants internationaux en France. Sur le plan de la recherche, « la volonté chinoise de nouer des partenariats tous azimuts avec les unités de recherche occidentales tient au contexte de rattrapage dans lequel la Chine se trouve », cadre le rapport. En témoignent par exemple les 100 projets sino-français dans le cadre du CNRS, dont 26 laboratoires internationaux associés créés en Chine, selon les données de l’ambassade.
Il vous reste 65.21% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
L’article La stratégie d’influence de la Chine dans l’enseignement supérieur français est apparu en premier sur zimo news.