« Filtrage » aux frontières extérieures, solidarité conditionnée à des « contrôles plus stricts »… Le gouvernement a esquissé, mardi 5 octobre, au Sénat la vision que la France portera lors de sa présidence de l’Union européenne (UE), afin de trouver un consensus autour du pacte sur l’asile et les migrations.
Le gouvernement français, qui prendra en janvier la présidence tournante du conseil de l’UE, était invité à livrer les grandes lignes de sa stratégie lors d’un débat dans l’hémicycle à l’initiative du groupe Les Républicains (LR), sur ce projet de réforme présenté en septembre 2020 par la Commission européenne, qui fait l’objet de dissensions entre les Vingt-Sept, les uns jugeant le texte trop contraignant, les autres pas assez.
Le règlement dit « filtrage »
La France soutiendra « une politique de solidarité » envers les pays de « première entrée » en Europe, que sont, par exemple, la Grèce, l’Italie ou l’Espagne, qui ne peuvent pas « subir seuls les conséquences de la géographie », a d’abord déclaré Marlène Schiappa, ministre déléguée, chargée notamment des questions d’asile.
Mais « le contrôle rigoureux de la frontière nous semble être une condition de la solidarité », a-t-elle immédiatement nuancé, à trois mois de la présidence française et à six mois de la présidentielle. « Le gouvernement juge essentiel le règlement dit “filtrage”, qui fait partie du pacte et qui instaurera à la frontière extérieure des obligations de contrôles beaucoup plus strictes », a insisté la ministre qui veut « construire une Europe plus solidaire mais aussi plus souveraine ».
Ces « outils », a répondu Marlène Schiappa aux sénateurs qui l’interrogeaient, « vont nous permettre de reprendre la main sur notre politique migratoire ». Si le pacte entrait en vigueur en l’état, « la France devrait recevoir moins de demandes d’asile mécaniquement et surtout des demandes mieux ciblées, de personnes francophones, de personnes ayant vécu en France, ayant des liens forts et profonds avec la France », a ajouté la ministre.
Le pacte « devrait permettre d’agir plus efficacement », s’est félicitée Pascale Gruny (LR), déplorant toutefois que le régime proposé par Bruxelles ne soit pas contraignant. En matière d’expulsions, a-t-elle souligné, « les chiffres sont catastrophiques », relevant notamment un nombre de personnes effectivement expulsées de 29 %.
Si les migrants « sont manifestement inéligibles à l’asile », ils doivent être expulsés, « sinon ils alimenteront pendant des années les flux secondaires à travers l’Europe », a convenu Marlène Schiappa.
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