Un ex-gouverneur et ancien président du Sénat, Luis Afredo Ramos, a été condamné par la Cour suprême de justice (CSJ) à sept ans et onze mois de prison pour complicité avec les groupes paramilitaires d’extrême droite, rapporte vendredi 1er octobre un communiqué de l’institution.
Il a été reconnu « responsable du crime d’association de malfaiteurs dans le but de promouvoir des groupes armés illégaux » par la CSJ, qui enquêtait depuis 2013 sur cette affaire.
Selon la CSJ, M. Ramos a fait alliance entre 2001 et 2007 avec des dirigeants paramilitaires de haut rang « afin de recevoir un soutien financier et des votes », dans le cadre de ses campagnes pour le Sénat et pour le poste de gouverneur du département d’Antioquia (nord-ouest).
Agé de 73 ans, M. Ramos a été gouverneur d’Antioquia entre 2008 et 2011, après avoir dirigé le Sénat de 2002 à 2003 et été maire de la ville de Medellin (capitale d’Antioquia). Il est une personnalité clé de la droite et réputé proche de l’ex-président Alvaro Uribe (2002-2010).
L’ancien président du Sénat veut faire appel
La CSJ a assuré avoir établi des preuves qu’en poste il avait aidé, en échange d’argent, « à alléger la pression policière sur le groupe paramilitaire Metro Bloc, qui opérait à Medellin ».
Il a également reçu de l’argent et eu des contacts directs avec les frères Vicente et Carlos Castano, fondateurs des Autodéfenses unies de Colombie (AUC) et certains des chefs paramilitaires les plus redoutés dont les hommes ont ensanglanté le pays.
Sur Twitter, l’ex-gouverneur a clamé son innocence et affirmé qu’il était « victime de faux témoins », annonçant qu’il ferait appel. « Ma carrière publique et ma vie professionnelle de 40 ans au service du pays ne seront pas souillées par cette décision arbitraire. »
Soy inocente. https://t.co/ErsXKj3SPW
— LuisAlfreRamos (@Luis Alfredo Ramos)
L’ancien parlementaire s’était rendu aux autorités en 2013 après un mandat d’arrêt ordonné par la CSJ, mais il avait été libéré en 2016.
Les liens avec les paramilitaires condamnés
Apparus au milieu des années 1990 pour combattre les guérillas d’extrême gauche, les groupes paramilitaires se sont rendus coupables de nombreux crimes, massacres et exactions. Leurs liens avec la droite colombienne et les grands propriétaires terriens suscitent toujours spéculations et polémique.
Avec l’accord de paix de 2016, beaucoup se sont reconvertis dans le trafic de drogue, qu’ils disputent aux autres groupes armés sévissant dans les régions isolées du pays.
Des dizaines d’hommes politiques colombiens, pour la plupart d’anciens parlementaires, ont été condamnés dans les années 2010 pour leurs liens avec les paramilitaires.
La plupart des paramilitaires ont été démobilisés entre 2003 et 2006 dans le cadre d’un processus de paix promu par l’ex-président Uribe. Leurs principaux dirigeants purgent des peines aux Etats-Unis pour trafic de drogue à destination de ce pays.
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