C’est symboliquement au pied du monument qui abritait l’effigie de l’ancien premier ministre canadien John Macdonald, initiateur des pensionnats autochtones au XIXe siècle – statue déboulonnée en août 2020 –, que plusieurs centaines de membres des Premières Nations ont choisi de se rassembler, jeudi 30 septembre, à Montréal. Cette première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation a été décrétée jour férié par le gouvernement fédéral, après les terribles découvertes, au printemps et cet été, de milliers de sépultures d’enfants autochtones qui ont provoqué un véritable électrochoc dans tout le pays. Quelque 150 000 enfants amérindiens, métis et inuits ont été enrôlés de force dans 139 pensionnats à travers le pays jusqu’en 1996, et entre 3 000 et 6 000 d’entre eux seraient morts dans plusieurs de ces « écoles résidentielles », notamment à Kamloops, en Colombie-Britannique, et au Saskatchewan.
« Chaque enfant compte », arbore sur son tee-shirt orange – la couleur choisie pour rendre hommage aux souffrances des autochtones – Sabina Nianskum, appartenant à la communauté des Cris de la baie James (Nord-du-Québec). « Je suis venue en mémoire de ma mère qui était une survivante de ces écoles, afin que notre histoire soit enfin enseignée dans les écoles, afin que le racisme systémique que nous subissons encore aujourd’hui cesse, afin que nous ne soyons plus jamais relégués au rang de sauvages », explique la jeune femme, au son des tambours traditionnels qui rythme la cérémonie.
La veille, à Ottawa, une émouvante veillée s’était tenue devant le Parlement fédéral, où ont été déposées depuis cet été des dizaines de petites chaussures d’enfants et de peluches en mémoire des disparus. Après une cérémonie de « purification » et les témoignages de trois survivants venus raconter les abus, la violence, le déchirement familial et identitaire vécus dans ces pensionnats, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, arborant sur sa veste un petit chandail orange offert par sa grand-mère à une petite fille, immédiatement confisqué à son arrivée au pensionnat, a pris la parole. « Cette Journée de la vérité et de la réconciliation n’est pas une journée pour les Premières Nations, mais une journée pour tous les Canadiens », a-t-il déclaré.
Un « traumatisme historique et continu »
« La réconciliation, ce n’est pas juste de comprendre et reconnaître les erreurs du passé, mais c’est aussi comprendre que ces erreurs nous façonnent encore aujourd’hui. (…) Nous sommes bons pour vanter nos qualités, nos mérites et nous positionner en tant que héros, mais c’est plus dur d’être confronté à la réalité, aux erreurs, à la noirceur de notre passé. C’est à cela que doit référer cette Journée de la vérité et de la réconciliation : à reconnaître la vérité et reconnaître que le pays est responsable de terribles injustices », a-t-il poursuivi.
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