La police a repris jeudi 30 septembre le contrôle de la prison de Guayaquil, dans le sud-ouest de l’Equateur, où au moins 118 détenus sont morts dans des affrontements depuis mardi, le pire massacre de l’histoire carcérale d’Amérique latine. Six d’entre eux ont été décapités, et les violences ont aussi fait 86 blessés ont précisé les autorités judiciaires.
« Tout est calme, les détenus sont dans leur cellule. Ils ne se sont pas emparés des salles », s’est exprimée la commandante de police Tannya Varela, s’adressant à la presse dans le complexe pénitencier de Guayaquil après une opération impliquant 900 policiers, dont deux ont été blessés. Des chars militaires et des soldats ont été stationnés autour de la prison, où des centaines de membres des familles de détenus attendent dans l’angoisse de nouvelles de leurs proches.
Selon le site d’informations locales Primicias, les heurts ont débuté lorsque les prisonniers d’un gang ont célébré l’anniversaire d’un de leurs chefs et se sont vantés de contrôler la prison, suscitant la fureur d’organisations rivales dans les autres ailes du bâtiment. D’après le Parquet, « la lutte pour le pouvoir au sein de la prison et l’intention des autorités de transférer les chefs d’organisations criminelles vers d’autres prisons du pays ont été les éléments déclencheurs ».
Familles en détresse
Des proches de prisonniers parlent aux policiers présents devant la prison de Guayaquil, en Equateur, le 30 septembre 2021. SANTIAGO ARCOS / REUTERS
« C’est très difficile, il y a beaucoup de morts, beaucoup de blessés, je ne sais pas si mon fils est vivant ou pas », a déclaré à l’AFP Juana Pinto, qui attend impatiemment de connaître le sort de son fils emprisonné. « Pour nous, parents, c’est horrible (…) on ne sait pas quoi faire, on se sent impuissants », a déclaré Cecilia Quiroz, mère d’un autre détenu, qui en appelle à « l’aide du gouvernement ».
Le président Guillermo Lasso s’est rendu mercredi à Guayaquil après avoir « décrété l’état d’exception dans tout le système carcéral au niveau national ». Les prisons équatoriennes surpeuplées sont depuis des mois le théâtre de violences récurrentes entre groupes criminels liés au trafic de drogue. Cet état d’exception, prévu pour 60 jours et incluant la participation de l’armée aux opérations, a pour objectif de « rétablir et maintenir l’ordre » dans toutes les prisons du pays et de garantir la sécurité « des prisonniers, des personnels pénitentiaires et des membres de la police nationale ». Il ordonne la suspension provisoire de plusieurs droits des prisonniers, comme celui de réunion.
L’Etat bafoué
Ces violences entre gangs de narcotrafiquants rivaux liés aux redoutables cartels mexicains de Sinaloa et Jalisco Nueva Generacion portent à 236 le nombre de détenus tués depuis le début de l’année. En février, 79 prisonniers ont été tués lors d’émeutes simultanées dans quatre prisons de trois villes, dont Guayaquil. En 2020, le bilan a été de 103 morts.
Pour le directeur du Centre d’intelligence stratégique du gouvernement, Fausto Cobo, ces massacres de prisonniers sont « une menace pour l’Etat », car leurs responsables ont « un pouvoir égal ou supérieur à celui de l’Etat lui-même ». Le système pénitentiaire équatorien compte près de 65 prisons et quelque 39 000 détenus, dont la moitié attendent leur condamnation, pour une capacité d’environ 30 000 places, et 1 500 gardiens (un pour 26 détenus), selon les chiffres officiels.
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