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Au Vénézuela, miné par l’hyperinflation, la monnaie nationale perd six zéros d’un coup

Des enfants jouent aux cartes et parient avec des billets de bolivar vénézuélien inutilisés dans la ville de Puerto Concha, au Venezuela, le 9 septembre 2021. FEDERICO PARRA / AFP

La monnaie vénézuélienne a perdu six zéros, vendredi 1er octobre, à minuit. La réforme monétaire engagée par Nicolas Maduro pour contrer les effets de l’hyperinflation et censée redynamiser l’économie est la troisième que connaît le pays depuis 2008. Le bolivar – qui a cédé le pas au « bolivar fort », puis au « bolivar souverain » et maintenant au « bolivar digital » – a perdu, en tout, 14 zéros. Le pays est en récession pour la 7e année d’affilée.

Sur un trottoir de Bogota, en Colombie, une fillette joue à la marchande avec des vrais billets de banque. Son père, José, propose aux passants des sacs à main faits de billets tissés. « Le bolivar ne vaut plus rien depuis longtemps, dit l’homme en soupirant. Au Venezuela, tout se paye en dollars maintenant. » Comme 5 millions de ses compatriotes, José est venu tenter sa chance comme vendeur ambulant en Colombie. Il envoie « entre 5 dollars et 10 dollars [entre 4,30 euros et 8,60 euros] par mois » à ses vieux parents. Au Venezuela, le salaire minimal dépasse à peine les 2 dollars, et 94,6 % de la population vit en deçà du seuil de pauvreté monétaire, selon une enquête publiée jeudi 30 septembre.

Le bolivar digital entré en service vendredi matin n’est pas une nouvelle monnaie. « Il ne vaudra ni plus ni moins que le bolivar actuel, a rappelé, lundi 27 septembre, la vice-présidente, Delcy Rodriguez. C’est seulement l’échelle monétaire qui change pour faciliter les transactions. »

Une mesure « cosmétique »

Il est vrai que les factures en milliards de bolivars compliquaient la vie. Le ticket de bus à Caracas, qui valait 1 million de bolivars, soit 0,25 centime de dollar, vaut désormais 1 bolivar. Comme son nom ne l’indique pas, le bolivar digital existe sous forme de billets et de pièces. Les nouvelles coupures de 5, 10, 20, 100 et 500 bolivars portent toutes l’effigie de Simon Bolivar (1783-1830), héros de l’indépendance latino-américaine et de la République bolivarienne mise en place par Hugo Chavez (1954-2013), entre 1999 et 2013. Mme Rodriguez a signalé que les anciens et les nouveaux billets coexisteraient pendant un temps, sans préciser de calendrier pour le retrait des anciennes coupures. D’aucuns doutent que la banque centrale réussisse à fournir l’économie vénézuélienne en billets et en pièces.

« Nous nous sommes habitués à vivre sans espèces », rappelle José, qui était ingénieur électrique dans son pays. Depuis que l’hyperinflation a dévoré la monnaie, l’argent a disparu des portefeuilles. A Caracas, un café au comptoir ou un pourboire se payent en carte de crédit. Dans les magasins, désormais bien achalandés, les prix sont affichés en bolivars et en dollars.

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