La ministre française de la Mer Annick Girardin a annoncé jeudi que Paris présenterait prochainement des « mesures de rétorsion » en réponse au faible nombre de licences britanniques octroyées aux pêcheurs français, nombre « limité » que « regrette » la Commission européenne.
« Nous avons un calendrier d’actions qui sera présenté aux professionnels en début de semaine prochaine, (…) avec une action européenne, une action nationale, bien entendu en direction des Britanniques et également de nos voisins de Jersey, avec effectivement l’annonce des mesures de rétorsion », a déclaré la ministre de la Mer Annick Girardin sur la radio Europe 1.
« Je souhaite que les 15 jours qui sont devant nous soient consacrés à ce travail qui sera ensuite exprimé très directement au Royaume-Uni », a-t-elle poursuivi.
« I want my license back », a conclu la ministre, faisant référence à Margaret Thatcher, Premier ministre britannique de 1979 à 1990, qui avait lancé « I want my money back » à Dublin le 30 novembre 1979, à l’issue d’un sommet des chefs d’Etat membres de la Communauté européenne, comptant neuf pays à cette période.
Mercredi, l’île anglo-normande de Jersey a annoncé l’octroi de 64 licences définitives à des bateaux français (contre 169 demandées par Paris) et le rejet de 75 dossiers. La veille, Londres avait accordé 12 autorisations supplémentaires dans ses eaux, dans la limite des 6 à 12 milles nautiques de ses côtes (contre 87 demandées).
Annick Girardin à l’Elysée, le 19 juillet 2021 à Paris (AFP/Archives – Ludovic MARIN)
« Nous regrettons que le nombre de licences accordées soit aussi limité », a réagi jeudi la Commission européenne, par la voix de sa porte-parole Vivian Loonela. « Nous demandons au Royaume-Uni de partager avec nous sa méthodologie », a-t-elle ajouté lors d’un point presse.
« Nous constatons que la question de l’octroi de licences est assez complexe lorsqu’il s’agit de petits navires, car ils ne sont pas légalement tenus d’enregistrer leurs positions et leurs activités par voie électronique », a poursuivi Mme Loonela.
« Avec toutes les informations que la Commission a fournies aux autorités britanniques et jersiaises, nous avons fourni toutes les preuves disponibles et pertinentes qui démontrent l’activité historique pour ces licences en cours », a-t-elle affirmé.
L’accord post-Brexit, conclu in extremis à la fin de l’année dernière entre Londres et Bruxelles, prévoit que les pêcheurs européens puissent continuer à travailler dans certaines eaux britanniques à condition d’obtenir une licence, accordée s’ils peuvent prouver qu’ils y pêchaient auparavant.
« Cela fait 38 ans que je pêche dans les eaux anglaises, j’ai apporté toutes les preuves, et je n’ai pas la licence. Or, certains bateaux qui n’y ont quasiment jamais mis les pieds l’ont obtenue. Il n’y a aucune logique dans l’attribution des licences », a affirmé à l’AFP le pêcheur Christophe Lhomel à Boulogne-sur-Mer (Hauts-de-France).
De son côté, le président du comité régional des pêches Olivier Leprêtre a prévenu: « S’il n’y a rien qui bouge à une échéance de 15 jours à trois semaines, là, les professionnels vont montrer leurs dents. » « Je ne vais pas parler de blocage de port, mais une chose est certaine : les produits britanniques seront bloqués », a-t-il assuré.
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