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Élections générales : les Allemands ont “continué à voter Angela Merkel”

Alors que les deux grands partis historiques allemands – la CDU et le SPD – sont au coude-à coude à l’issue de la soirée électorale de dimanche, le politologue Thomas Kleine-Brockhoff assure que les Allemands ont avant tout voté au centre lors de ce scrutin. Il explique aussi les principaux enseignements pour les autres partis.

Deux prétendants pour un seul trône. Olaf Scholz, le candidat des sociaux-démocrates du SDP, et Armin Laschet, celui des conservateurs de la CDU, pensent tous les deux pouvoir diriger un gouvernement de coalition à l’issue des élections générales du dimanche 26 septembre.

Et tous les deux ont raison. Les premières estimations de vote de ce scrutin historique sans Angela Merkel indiquent que les deux grands partis traditionnels sont au coude-à-coude (entre 24 et 25 % pour la CDU et entre 25 et 26 % pour le SPD). Avec le soutien des Verts et des libéraux du FDP, ils peuvent tous les deux espérer avoir une majorité au Bundestag (l’équivalent de l’Assemblée nationale).

Certes, ce résultat est un revers historique pour la CDU d’Angela Merkel, qui n’avait jamais obtenu aussi peu de voix depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est aussi un franc succès pour le SPD d’Olaf Scholz, qui enregistre une hausse de 5 points des votes par rapport à 2017. Mais au final, « c’est la première fois dans l’histoire de l’Allemagne d’après-guerre que le combat pour désigner le prochain chancelier semble aussi ouvert », souligne Thomas Kleine-Brockhoff, vice-président du bureau berlinois du German Marshall Fund, contacté par France 24.

Pour ce politologue, le scrutin a accouché d’un grand gagnant : le centre. « Les Allemands ont voté pour les candidats modérés malgré la pandémie et la crise sanitaire qui, dans d’autres pays, ont été bénéfiques à des mouvements populistes et extrémistes », souligne-t-il.

Il va même plus loin puisqu’il estime « qu’en un sens, les électeurs ont continué à voter Angela Merkel, même si elle ne se représentait pas, puisqu’ils ont opté majoritairement pour un homme – Olaf Scholz – qui a fait campagne sur sa présence au gouvernement et s’est présenté comme le dauphin politique naturel de la chancelière », résume Thomas Kleine-Brockhoff.

Mais ce scrutin, aussi indécis soit-il, n’en a pas moins été riche en enseignements pour tous les partis.

Les sociaux-démocrates « reviennent d’entre les morts », affirme le vice-directeur du German Marshall Fund. Leur bon score est d’autant plus étonnant que le parti n’a jamais fait son examen de conscience politique après les mauvais scores de 2017.

La seule chose qui a changé, c’est le champion que le SPD a lancé à l’assaut de la chancellerie. « Le parti appartient dorénavant à Olaf Scholz, qui a rapporté la victoire. La seule question restante est de savoir combien de temps l’aile gauche du SPD va supporter qu’un homme qui représente le courant pragmatique et centriste incarne le parti », conclut Thomas Kleine-Brockhoff.

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CDU/CSU : bagarre en perspective

C’est l’une des principales contradictions de cette élection : Armin Laschet rentrera dans l’histoire de la droite allemande comme le candidat qui aura mené la CDU à son pire score électoral, mais il pourrait tout à fait devenir le prochain chancelier… s’il réussit à convaincre les Verts et le FDP de le rejoindre dans une coalition.

Le mauvais résultat de la CDU et de son alliée bavaroise, la CSU (qui a également réalisé son plus mauvais score historique en Bavière), ouvre aussi la porte « à une grande bataille de clarification dans le camp conservateur », souligne Thomas Kleine-Brockhoff.

La CSU, dirigée par le très populaire Markus Söder, ne va pas manquer de mettre cet échec sur le compte du virage au centre-gauche opéré par Angela Merkel et assumé par Armin Laschet.

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Les Verts : le changement, c’est pas maintenant

Le score des Verts, en forte progression par rapport à 2017, doit être analysé au regard de leurs ambitions. Les écologistes pensaient pour la première fois avoir une candidate au poste de chancelière avec Annalena Baerbock. À cet égard, le parti, en tête des sondages en juin 2021, a échoué.

Une déconvenue d’autant plus frappante que « les Verts sont les seuls à avoir fait campagne sur le thème du changement alors que les autres grandes formations appelaient à une continuité », rappelle Thomas Kleine-Brockhoff.

Les écologistes ont appelé à un chamboulement de la politique climatique, à davantage d’investissements dans les infrastructures et à une révolution numérique. Et « visiblement, la demande pour ce genre de programme qui veut réellement changer les choses n’est pas aussi important que les Verts l’ont cru », résume Thomas Kleine-Brockhoff.

Le FDP : incontournable pour une coalition

Christian Lindner, le leader des libéraux du FDP, est devenu l’incontestable faiseur de chancelier. Son parti a beau ne pas avoir fait beaucoup mieux qu’en 2017, il est incontournable pour toute future coalition (que ce soit avec le SPD et les Verts ou avec la CDU et les Verts).

Mais là où les Verts ont clairement indiqué que leur cœur battait plutôt à gauche, le FDP s’est montré plus malin tactiquement et a laissé davantage de portes ouvertes.

C’est aussi « le parti qui semble avoir le plus bénéficié des défections d’électeurs de la CDU, puisque l’autre alternative – l’AfD – a fortement chuté », note Thomas Kleine-Brockhoff. Un succès qui tient en partie au fait « que les libéraux ont très intelligemment réussi à critiquer la politique sanitaire d’Angela Merkel sans pour autant apparaître comme des ‘antivax’ ou des conspirationnistes », note le politologue.

L’AfD : la chute des extrémistes

Les populistes de l’Alternative für Deutschland (AfD) « n’ont absolument pas profité de la crise sanitaire », assure Thomas Kleine-Brockhoff. Pour lui, l’échec de ce parti d’extrême droite illustre l’un des enseignements de ce vote : les Allemands sont « majoritairement satisfaits de la manière dont leurs dirigeants ont géré la pandémie ».

Et les déçus de cette politique sanitaire ont préféré aller voir au FDP si l’herbe y était plus verte. Preuve supplémentaire que l’extrême droite allemande va avoir du mal à trouver sa nouvelle voie électorale.

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Die Linke : hors jeu ?

Le parti de gauche radicale Die Linke n’est même pas sûr de dépasser le seuil des 5 % des voix nécessaires pour être présents au Bundestag.

C’est dire si la soirée a été mauvaise pour un parti qui, il y a quelques jours encore, était perçu comme un partenaire possible pour une coalition gouvernementale avec le SPD et les Verts.

Ce mauvais résultat s’explique, en partie, par le rejet des extrêmes lors de ce scrutin. Mais c’est aussi « la conséquence du bon score du SPD qui ne laisse que peu d’espace pour un autre parti à gauche », souligne Thomas Kleine-Brockhoff.

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