La directrice financière du géant chinois des télécoms Huawei, accusée de fraude bancaire, a été remise en liberté vendredi par le Canada aux termes d’un accord avec les Etats-Unis, bouclant trois années de saga judiciaire et diplomatique entre Pékin, Washington et Ottawa.
Meng Wanzhou, assignée à résidence à Vancouver depuis fin 2018, a recouvré la liberté et échappé à une extradition vers les Etats-Unis qui voulaient la juger, lors d’une brève audience de la Cour suprême de Colombie-Britannique (Canada, ouest).
Ces « trois dernières années, ma vie été bouleversée », s’est bornée à déclarer Mme Meng, surnommée la « princesse » de Huawei, et qui devrait rapidement rentrer en Chine pour y retrouver sa famille.
C’est la concrétisation d’un accord spectaculaire rendu public vendredi par un tribunal de New York entre le ministère de la Justice et le mastodonte chinois des télécoms.
Lors d’une audience publique du tribunal fédéral de Brooklyn, le représentant du ministère de la Justice David Kessler avait proposé de « reporter » jusqu’au 1er décembre 2022 les « poursuites » engagées depuis fin 2018 contre Meng Wanzhou, notamment pour « complot » en vue de commettre une « fraude bancaire ».
L’accord, entériné et qualifié de « sérieux » par le tribunal fédéral de Brooklyn en début d’après-midi – que le Wall Street Journal a été le premier à dévoiler – prévoyait aussi que Washington recommande à Ottawa de faire « libérer » Mme Meng et abandonne de facto toute demande d’extradition.
Meng Wanzhou, 49 ans, fille du fondateur de Huawei, avait été arrêtée le 1er décembre 2018 à l’aéroport de Vancouver à la demande de Washington, qui voulait la juger notamment pour « fraude bancaire ». Elle a toujours nié ces accusations et a plaidé « non coupable » vendredi.
La justice américaine accusait la numéro 2 du géant chinois des télécoms d’avoir menti à un cadre de la banque HSBC lors d’une rencontre à Hong Kong en 2013, à propos des liens entre le groupe chinois et une filiale nommée Skycom qui vendait des équipements à l’Iran, exposant l’établissement à des sanctions américaines.
Selon le ministère de la Justice, Mme Meng a reconnu, selon les termes de l’accord, qu’elle avait fait à l’époque « de fausses déclarations » et « dissimulé la vérité » au cadre de HSBC sur les « activités de Huawei en Iran », pays soumis à des sanctions américaines et internationales.
Si l’accord en justice n’est pas contesté ou rompu d’ici le 1er décembre 2022 (soit quatre ans après l’arrestation de la directrice financière), les poursuites seront définitivement abandonnées, selon Washington.
– Fortes tensions –
Avec l’acceptation de cette transaction en justice, ce sont trois années de bataille judiciaire et de fortes tensions économiques et politiques entre Pékin, Washington et Ottawa qui devraient s’apaiser.
Le gouvernement chinois estime depuis 2018 que l’administration américaine – à l’époque du président d’alors Donald Trump – cherchait avant tout à affaiblir Huawei, entreprise chinoise de pointe et leader mondial des équipements et réseaux 5G, sans équivalent côté américain.
Ces dernières semaines, les avocats de Mme Meng ont de nouveau plaidé la thèse selon laquelle les Etats-Unis ont intenté un procès « abusif » à leur cliente.
Le Canada a en quelque sorte été pris dans la tourmente sino-américaine, rappelait le Wall Street Journal, qui pense aussi que l’accord entre Washington et Pékin débouchera sur la libération d’un homme d’affaires ainsi que d’un ancien diplomate, tous deux canadiens, détenus en Chine: Michael Spavor condamné à 11 ans d’emprisonnement pour espionnage et Michael Kovrig, en détention en Chine et en attente de verdict.
D’après le quotidien américain, l’administration de Joe Biden aurait repris en début d’année des consultations sur le dossier Huawei, notamment à la lumière du désir de Mme Meng de retrouver en Chine sa famille, après près de trois ans de séjour forcé au Canada.
L’accord survient également une semaine après une annonce spectaculaire par les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni pour la fourniture à Canberra de sous-marins à propulsion nucléaire. Un contrat colossal au grand dam de la France, qui avait signé un premier contrat avec l’Australie pour des sous-marins à propulsion thermique – et qui a provoqué la colère de la Chine qui y voit un acte d’hostilité de pays occidentaux.
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