Publié le : 24/09/2021 – 18:07Modifié le : 24/09/2021 – 19:21
Arrêté jeudi par la police italienne en Sardaigne en vertu d’un mandat d’arrêt européen, l’ancien chef du gouvernement catalan, Carles Puigdemont, a été libéré vendredi. Accusé de « sédition », il risque l’extradition vers l’Espagne. Son avocat a précisé que le leader indépendantiste était finalement autorisé à quitter l’Italie.
Arrêté jeudi en Sardaigne, l’ancien président séparatiste catalan Carles Puigdemont a quitté vendredi la prison de Sassari, en Sardaigne, à la demande de l’Espagne qui réclame son extradition pour la tentative de sécession de la Catalogne en 2017, a rapporté un journaliste de l’AFP.
Salué par ses partisans, il a quitté la prison sans faire de déclaration. Selon son avocat italien, Agostinangelo Marras, il a été autorisé à quitter l’Italie dans l’attente d’une prochaine audience à laquelle il prévoit d’assister le 4 octobre. La décision sur son extradition pourrait prendre « des semaines », avait indiqué plus tôt cet avocat.
En visite sur l’île de La Palma, où un volcan est entré en éruption, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a appelé de ses vœux un procès du leader indépendantiste. Carles Puigdemont, qui a fui en 2017 en Belgique où il vit depuis lors, pour échapper aux poursuites judiciaires, doit « se soumettre à la justice » espagnole, a-t-il insisté.
Âgé de 58 ans, Carles Puigdemont a été arrêté jeudi soir à son arrivée à l’aéroport d’Alghero, ville sarde de culture catalane où il devait participer à un festival culturel et s’entretenir avec des élus de l’île italienne.
Cette arrestation a provoqué la colère des indépendantistes catalans, dont plusieurs centaines ont manifesté vendredi devant le consulat d’Italie à Barcelone (nord-est de l’Espagne). D’autres appels à manifester ont été lancés pour vendredi soir ou dimanche.
« C’est un autre exemple de la répression espagnole à l’égard des politiciens catalans », a affirmé Monica, 33 ans, qui participait à la manifestation de vendredi matin.
À l’issue d’une réunion d’urgence du gouvernement régional, le président séparatiste catalan Pere Aragones, qui va se rendre en Sardaigne, a « exigé la libération immédiate de Carles Puigdemont ».
« L’amnistie est la seule voie. L’autodétermination la seule solution », avait-il écrit jeudi soir sur Twitter.
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Accusé de « sédition »
Carles Puigdemont est toujours réclamé par la justice espagnole, qui l’accuse de « sédition » et de « détournements de fonds publics ».
En mars 2018, il avait été arrêté une première fois à la demande de l’Espagne, en Allemagne cette fois. Mais il avait été libéré quelques jours plus tard. Eurodéputé depuis 2019, l’indépendantiste a bénéficié un temps d’une immunité parlementaire mais le Parlement européen l’a levée le 9 mars à une large majorité. Une mesure confirmée le 30 juillet par le Tribunal de l’Union européenne.
Mais la décision du Parlement européen a fait l’objet d’un recours dont le jugement définitif sur le fond de la part de la justice de l’UE doit être prononcé « à une date ultérieure ». L’avocat de Carles Puigdemont, Gonzalo Boye, considère donc que la décision du Parlement est « suspendue », tout comme l’application du mandat d’arrêt, et que son client doit encore bénéficier de son immunité.
Vers une nouvelle crise ?
La détention de Carles Puigdemont, qui intervient dans un moment de relative détente, fait planer le risque d’une nouvelle crise entre Madrid et les indépendantistes.
Le gouvernement Sanchez a gracié en juin les neuf dirigeants indépendantistes qui avaient été arrêtés en 2017 et condamnés à la prison en 2019, à l’issue d’un procès historique dont Carles Puigdemont était le grand absent.
Le gouvernement espagnol a repris le 15 septembre ses négociations avec le gouvernement séparatiste régional, destinées à trouver une issue à la crise séparatiste en Catalogne.
Vendredi, Pedro Sanchez a « revendiqué » l’importance du dialogue « aujourd’hui plus que jamais » tandis que M. Aragones a, lui, jugé que cette arrestation « n’aidait pas à résoudre le conflit » en Catalogne.
La tentative de sécession de la Catalogne, en octobre 2017, a été l’une des pires crises vécues par l’Espagne depuis la fin de la dictature franquiste en 1975.
Malgré l’interdiction de la justice, le gouvernement régional présidé par Carles Puigdemont avait organisé un référendum d’autodétermination émaillé de violences policières et suivi, quelques semaines plus tard, d’une déclaration d’indépendance mort-née.
Madrid avait réagi en mettant la région sous tutelle et en arrêtant les principaux dirigeants du mouvement indépendantiste qui n’avaient pas fui à l’étranger.
Avec AFP
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