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Vingt ans après l’explosion meurtrière d’AZF, Toulouse se souvient

Un « parcours mémoriel » officiel inauguré mais des positions irréconciliables entre associations de victimes: Toulouse a commémoré mardi l’explosion meurtrière de l’usine AZF, il y a 20 ans, qui a traumatisé la Ville rose avec, une fois de plus, des hommages en ordre dispersé.

Élus territoriaux, représentants de l’Etat et certaines associations de victimes, dont les anciens salariés d’AZF, se sont réunis vers 10H00 sur le site de l’ex-usine chimique entièrement détruite lors de la plus grande catastrophe industrielle française depuis 1945.

« Pensées aux victimes et à leurs familles. La France se souvient », a réagi sur Twitter le président Emmanuel Macron. Le Premier ministre Jean Castex a également tweeté: « La Nation s’incline respectueusement en mémoire des victimes ».

Mais aucun membre du gouvernement n’a fait le déplacement à Toulouse.

Comme tous les ans le 21 septembre, les sirènes ont retenti à 10H17, heure de l’explosion, puis les noms des 31 personnes décédées ont été égrenés avant le dépôt de gerbes et une minute de silence.

Le maire LR de Toulouse Jean-Luc Moudenc doit dévoiler ensuite un parcours mémoriel, autour d’un mémorial existant.

Il est composé de neuf panneaux retraçant l’histoire de l’usine, son passé industriel, la catastrophe elle-même, puis l’après-catastrophe avec les procès et le renouveau du site, explique la mairie. Une volonté affichée de raviver ce lieu de mémoire peu connu des Toulousains.

– « La douleur est là » –

« Le drame a été d’une telle intensité que la douleur est là et la mémoire a du mal à s’apaiser à cause de cette douleur et de douleurs différentes », a indiqué à l’AFP le maire de Toulouse.

« Les salariés ont éprouvé une douleur différente de celle des victimes de l’explosion qui n’étaient pas salariés. Et tout cela est très à vif ». Des commémorations communes? « Cela ne sera pas de si tôt. Le rassemblement des mémoires sera possible à la génération suivante », a-t-il estimé.

Un peu plus tôt, vers 09H30, une autre commémoration rassemblant une centaine de personnes s’est tenue à deux kilomètres de là, au rond-point dit du 21-septembre, à laquelle participent notamment l’association des Sinistrés du 21 septembre et l’association « Plus jamais ça » qui boycottent la cérémonie officielle.

Yves Gilbert, de l’association « Plus jamais ça », a dénoncé « la bassesse de Total, qui n’a pas reconnu ses défaillances, et n’a été condamnée à une amende correspondant qu’à 10 minutes de son bénéfice annuel ».

Pour Stéphane Dufau, de l’association des sinistrés du 21 septembre et qui a été grièvement blessé, « pas question de participer à la commémoration officielle à côté des gens de Total qui ne veulent pas reconnaître leur responsabilité ».

– « Ne pas oublier » –

Car 20 ans plus tard et malgré la condamnation définitive de l’ex-directeur du site et de l’entreprise, l’association Mémoire et Solidarité d’anciens salariés d’AZF rejette la thèse de la justice selon laquelle le mélange malencontreux de produits chimiques, dû à des « négligences » ou des « manquements aux obligations de prudence », a provoqué la déflagration.

Le 21 septembre 2001, plus de 300 tonnes de nitrate d’ammonium stockées dans un hangar du complexe chimique d’AZF, à cinq km du centre-ville, explosent.

Une onde sismique de 3,4 sur l’échelle de Richter sera enregistrée, relayée par une onde sonore jusqu’à 80 km de la ville, elle-même accompagnée d’un effet de souffle destructeur et meurtrier.

Dans chaque quartier de Toulouse, on croit à une explosion près de chez soi, dix jours après les attaques du 11 septembre aux Etats-Unis.

En plus des 31 morts, la catastrophe fait des milliers de blessés. Et des dizaines de milliers de dossiers d’indemnisation seront ouverts, pour dommages corporels ou matériels.

La bataille judiciaire, qui a duré 18 ans, a entraîné la condamnation en 2017 de l’ex-directeur du site Serge Biechlin à 15 mois d’emprisonnement avec sursis et 45.000 euros d’amende.

La cour inflige à la société propriétaire de l’usine et filiale de Total, Grande Paroisse, 225.000 euros d’amende.

Les deux sont reconnus coupables de « fautes caractérisées » commises par « maladresse », « négligence » ou encore « manquement aux obligations de prudence ». Leurs pourvois en cassation sont rejetés le 17 décembre 2019.

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