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FactuelParties de l’aéroport de Kaboul dans des conditions dramatiques, des familles ont été transportées par l’aviation militaire américaine dans ce petit pays des Balkans, le temps d’obtenir un hypothétique visa pour les Etats-Unis.
Ils sont ingénieurs, médecins, journalistes, enseignants ou étudiants diplômés. Anglophones pour la plupart. L’élite afghane est ici, en Albanie, rassemblée dans la ville balnéaire de Shëngjin, sur cette côte Adriatique proche du Monténégro, où la chaleur estivale ne s’est pas encore estompée. Arrivés les premiers le 27 août, 121 hommes, femmes et enfants ont eu une vision surréaliste en découvrant leur hébergement : un hôtel cinq étoiles divisé en plusieurs immeubles avec, trônant au milieu, une parfaite réplique de la statue de la Liberté, symbole d’une destination finale à laquelle ils aspirent. Depuis, d’autres les ont rejoints : 457 réfugiés afghans, qui ignoraient tout de ce pays de transit, jusqu’à son nom, sont désormais logés sur le site, selon la direction de l’établissement.
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L’Albanie, comme le Kosovo et la Macédoine du Nord, s’est placée aux avant-postes pour recevoir, à la demande des Etats-Unis, ceux qui, ayant travaillé avec eux, fuient le régime des talibans. Tirana a promis d’accueillir jusqu’à 4 000 réfugiés pour une période transitoire de « douze à quatorze mois », le temps que les procédures d’entrée sur le territoire américain soient réglées. « Pour nous, c’est une cause naturelle. Il y a trente ans, nous étions les Afghans quand nous sommes partis vers les côtes italiennes », assure, jeudi 16 septembre, dans son bureau à Tirana, Edi Rama.
Dès le 19 août, le premier ministre socialiste albanais a publié sur Twitter deux images accolées, l’une montrant des centaines d’Afghans entassés dans un avion militaire américain à l’aéroport de Kaboul, l’autre des milliers d’Albanais prenant d’assaut un bateau cargo, en 1991, après la chute du régime communiste le plus sectaire d’Europe.
Des réfugiées afghanes passent près d’une réplique de la statue de la Liberté dans le complexe touristique qui les accueille, à Shëngjin, en Albanie, le 15 septembre 2021. ENRI CANAJ / MAGNUM PHOTOS POUR « LE MONDE »
Pour l’heure, seulement 700 réfugiés afghans ont pu parvenir jusqu’au pays des Aigles, du fait de l’interruption des évacuations. Plus d’une centaine a été prise en charge par la fondation Soros dans la ville portuaire de Durrës, à l’ouest de Tirana. En Albanie, petit pays balkanique de moins de 3 millions d’habitants, où le salaire mensuel moyen ne dépasse pas 460 euros, le choix de les accueillir ne se discute pas, y compris dans les rangs de l’opposition ; même si l’ex-président et figure de la droite, Sali Berisha, accusé de corruption, a été déclaré persona non grata outre-Atlantique.
« Les Albanais doivent tout aux Etats-Unis, depuis leur intégration dans les instances internationales, dont l’OTAN [en 2009], jusqu’à leur stabilisation, en passant par des gros projets énergétiques… », explique Sébastien Gricourt, directeur de l’Observatoire des Balkans à la Fondation Jean Jaurès. « Ils prennent très au sérieux leur rôle dans l’OTAN et accueillir une partie des réfugiés relève d’une politique intelligente, car ils n’ont pas beaucoup de choses à offrir aux grands pays », confirme Toby Vogel, spécialiste des Balkans, basé à Bruxelles.
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