L’élite politique de Hongkong désigne, dimanche 19 septembre, un puissant comité qui choisira le prochain dirigeant de la ville et près de la moitié du corps législatif, dans le cadre d’un nouveau système « réservé aux patriotes » imposé par Pékin.
« Il s’agit d’une élection importante bien que le nombre de personnes pouvant y participer ne soit pas élevé », a déclaré à la presse l’actuelle dirigeante de Hongkong, Carrie Lam. Elle a ajouté que le nouveau système garantirait que les « fauteurs de troubles antichinois » ne pourraient plus « faire obstruction » au gouvernement.
Quelque 4 800 Hongkongais sont autorisés à voter pour choisir le comité électoral, soit l’équivalent de 0,6 % des 7,5 millions d’habitants de la ville, et moins que les 6 000 policiers déployés pour veiller à ce qu’il n’y ait pas de manifestation ni de perturbation pendant le vote. En 2016, avant la réforme, environ 233 000 Hongkongais avaient pu voter.
En jeu, le choix du prochain dirigeant
La grande majorité des 1 500 sièges concernés par le scrutin de dimanche seront installés d’office ou choisis par des groupes d’intérêts spéciaux, et seulement 364 sièges sont réellement à pourvoir au moyen du vote.
Il s’agit du premier scrutin dans le cadre d’un nouveau système où toutes les personnes qui se présentent à un poste public doivent faire l’objet d’une vérification de leur loyauté politique et d’une habilitation à ne pas constituer une menace pour la sécurité nationale.
En décembre, ce comité désignera 40 des 90 sièges au sein du Conseil législatif de la ville – 30 seront choisis par des groupes d’intérêts spéciaux et seulement 20 seront directement élus.
L’année suivante, il choisira le prochain dirigeant de Hong Kong, approuvé par la Chine. Pékin prétend que le nouveau système politique est plus représentatif et qu’il permettra d’éviter que des éléments « antichinois » n’accèdent au pouvoir.
Ses détracteurs affirment au contraire qu’il ne laisse aucune place à l’opposition pro-démocratique, et qu’il fait de Hongkong un miroir de la Chine continentale autoritaire dirigée par le Parti communiste.
« Des marionnettes sous le contrôle de Pékin »
« Les Hongkongais sont complètement coupés des opérations électorales », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Nathan Law, un éminent dirigeant démocrate qui a fui en Grande-Bretagne l’année dernière. « Tous les candidats aux élections deviendront des marionnettes de spectacle sous le contrôle total de Pékin, sans aucune compétition significative », a-t-il ajouté.
Ted Hui, un ancien législateur qui s’est installé en Australie, a estimé que le système politique de Hong Kong était désormais « un jeu d’estampillage complètement contrôlé par Pékin ». « C’est plus qu’une démocratie gérée. C’est une autocratie qui essaie de faire semblant d’être civilisée », a-t-il commenté à l’AFP.
La Chine avait promis que Hongkong conserverait ses principales libertés et son autonomie pendant cinquante ans après sa rétrocession par le Royaume-Uni en 1997. Mais Pékin a commencé à resserrer son emprise sur la ville à la suite des manifestations de 2019.
Les dirigeants chinois ont également été piqués au vif par la victoire écrasante des candidats pro-démocratie la même année aux élections des conseils de district – les seuls postes de la fonction publique à Hong Kong entièrement sélectionnés au suffrage universel.
Outre le nouveau système politique, la Chine a également imposé une vaste loi sur la sécurité nationale qui a criminalisé une grande partie de la dissidence.
De nombreuses personnalités de l’opposition ont été emprisonnées, des dizaines de groupes pro-démocratie, dont le journal le plus populaire de la ville, ont été fermés et des dizaines de milliers de Hongkongais sont partis à l’étranger. D’autres ont été disqualifiés en raison de leurs opinions politiques.
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