Le gouvernement va lier le recrutement des agents de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) à l’évolution du trafic aérien et à la productivité, suivant une recommandation d’un rapport de la Cour des comptes publié vendredi.
Parmi les dix préconisations de ce rapport très critique sur la gestion de ressources humaines de la DGAC, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a répondu dans une lettre aux « Sages » de la rue Cambon qu’elle allait en mettre en œuvre trois.
Outre l’ajustement annuel « dès 2022 » de la « trajectoire de recrutement des contrôleurs aériens à l’évolution du trafic et aux efforts de productivité », le gouvernement veut refondre « le dispositif d’intéressement à la performance collective » et « mettre fin aux subventions aux organisations syndicales représentatives de la DGAC ».
L’alignement des recrutements sur l’évolution du trafic aérien est « quelque chose qui me paraît pragmatique », a réagi Loïc Parisi auprès de l’AFP.
« Avant la pandémie, on avait un niveau de contrôleurs aériens insuffisant. Dans la crise qu’on connaît aujourd’hui, il y a plus de contrôleurs que de trafic aérien », a développé le secrétaire national du SNCTA, premier syndicat chez les contrôleurs aériens.
Pour autant, le syndicat souligne la nécessité « d’un recrutement suffisant de contrôleurs dès 2022 » en raison « des nombreux départs à la retraite, des perspectives de trafic et des nouvelles procédures environnementales ».
« Sur le niveau de recrutement, il faut faire attention », a averti de son côté Laurent Notebaert, secrétaire général du SNNA-Force ouvrière (Syndicat national de la navigation aérienne, 4e syndicat de la DGAC).
« Le niveau de trafic peut remonter plus rapidement que le temps de recruter et de former quelqu’un de qualifié », qu’il évalue entre cinq et sept ans.
– Echéances « délicates » –
La fin des subventions semblait susciter samedi moins d’inquiétude parmi les syndicats. A l’Unsa Aviation civile par exemple, « elles ne représentent que 15 à 20% des ressources » annuelles, selon William Fiacre, secrétaire général d’une des quatre organisations qui composent le syndicat.
La Cour des comptes recommande par ailleurs d’obliger « les personnels de la navigation aérienne, dont la présence détermine la capacité que peut offrir le service minimum », à déclarer au moins 72 heures à l’avance leur participation à un mouvement de grève. Elle précise que cette déclaration doit être « individuelle ».
La Cour suggère aussi de revoir les traitements et primes des agents de la DGAC qui ont « des niveaux de rémunération élevés par comparaison au reste de la fonction publique », lesquels sont en outre « régulièrement accrus par des protocoles sociaux successifs », d’après le rapport.
« Dans le contexte de la crise durable du trafic aérien liée à la pandémie (…), la DGAC ne peut plus s’inscrire dans une logique protocolaire consistant à accorder régulièrement de nouveaux avantages catégoriels à ses agents », affirme la Cour.
Sur ces dernières recommandations, le gouvernement estime que « les échéances prescrites, 2022 ou 2023 pour la plupart, apparaissent délicates à tenir » et « nécessitent un dialogue social approfondi avant d’être mises en œuvre ».
Le ministère met en avant les élections professionnelles prévues fin 2022, la reprise du trafic aérien et l’amélioration de la situation financière de la DGAC.
La Cour des comptes estime enfin que la formation initiale des contrôleurs aériens est « d’une durée trop longue et d’un contenu trop étendu par rapport aux qualifications requises en première affectation ».
En 2017 déjà, les « Sages » avaient dénoncé dans un rapport le coût élevé de l’action sociale au sein de la DGAC, critiquant « un immobilisme persistant pour un coût élevé ».
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