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Le Tadjikistan, une république de radicale hostilité aux talibans

Le président tadjik Emomali Rakhmon assiste au sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Douchanbé, au Tadjikistan, le 17 septembre 2021. DIDOR SADULLOEV / REUTERS

Chef d’Etat du pays hôte d’un sommet régional qui vient de réunir à Douchanbé, capitale du Tadjikistan, la plupart des voisins de l’Afghanistan, le président tadjik Emomali Rahmon a tenu, jeudi 16 septembre, des propos confirmant que son pays incarne bien celui d’une radicale hostilité aux talibans. Fustigeant les nouveaux maîtres de Kaboul qui ont, depuis l’installation de l’« Emirat islamique », imposé une « charia [loi islamique ] médiévale », l’homme fort de cette république d’Asie centrale à la fois musulmane et farouchement laïque a accusé les talibans d’avoir « abandonné leurs précédentes promesses de former un gouvernement inclusif ».

Le Tadjikistan assurait cette année la présidence tournante de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS), créée il y a tout juste vingt ans à l’initiative de la Chine et de la Russie pour rassembler autour d’elles les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale en une alliance régionale multilatérale. Le président du Tadjikistan, ex-membre du Parti communiste d’URSS réélu pour la cinquième fois consécutive en 2020 après avoir raflé, à la soviétique, 90 % des voix, préside depuis près de vingt-neuf ans aux destinées d’un régime autoritaire à parti unique. De tous ses homologues de l’OSC – le Kazakh, l’Ouzbek, le Kirghiz, le Russe, le Chinois, le Pakistanais, l’Indien et le tout nouvel arrivé au sein de l’Organisation, l’Iranien –, M. Rahmon est le seul qui était déjà aux commandes en 1996, quand les talibans s’emparèrent une première fois du pouvoir à Kaboul. Il est aussi le plus virulent de ses pairs à l’égard des talibans.

Toujours affichant sa proximité avec ses « cousins » tadjiks de l’Afghanistan, seconde ethnie du pays avec lesquels les habitants du Tadjikistan partagent une langue et une culture communes, le président Rahmon a prédit qu’« au cours des deux ou trois prochaines années, l’imposition de l’idéologie extrémiste en Afghanistan s’intensifiera et la probabilité d’une expansion de ces idées destructrices dans les régions adjacentes se multipliera ».

Discours contrastés

Si tous les chefs d’Etat réunis à Douchanbé se sont inquiétés de la possibilité que l’Afghanistan redevienne un « repaire » du terrorisme international, le contenu des discours que chacun d’entre eux a prononcé vendredi à l’issue du sommet a démontré certaines différences d’approche de la question afghane. Contrastant avec la condamnation sans appel du nouveau régime taliban par Emomali Rahmon, le premier ministre du Pakistan, Imran Khan, a appelé la communauté internationale à ne pas « diaboliser les talibans ». Même si le dirigeant d’un pays qui a été l’instigateur principal de la création du mouvement des « Etudiants en religion », au milieu des années 1990, a tenu à ajouter que l’Afghanistan ne doit pas incarner à nouveau un « havre de sécurité pour les terroristes » et que les talibans devront à cet égard « tenir leurs promesses ».

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