A quatre jours du scrutin, alors que le dernier sondage publié donne Erin O’Toole au coude-à-coude avec le premier ministre sortant, Justin Trudeau (32 % d’intentions de vote chacun), le chef du Parti conservateur du Canada a sorti de sa manche un atout qu’il espère décisif. Pour sa dernière réunion publique au Québec, le 15 septembre, dans la petite ville d’Orford, dans la région de l’Estrie, il s’est affiché aux côtés de Brian Mulroney, 82 ans, premier ministre de 1984 à 1993.
La veille, Justin Trudeau avait lui aussi sorti de sa retraite un ancien premier ministre, libéral cette fois, en recevant le soutien de Jean Chrétien (1993-2003) en Ontario. Mais, pour les proches du leader conservateur, cet adoubement par Brian Mulroney a valeur de symbole : il reste celui qui a fait déferler sur le pays, en 1984, après le long règne de Pierre Elliott Trudeau, la plus grande vague « bleue » jamais connue, raflant 211 sièges conservateurs sur les 282 que comptait alors la Chambre des communes. « En 2015, Justin Trudeau l’avait emporté contre toute attente dans les dix derniers jours de la campagne. Grâce au soutien de Mulroney, nous allons jouer le même coup dans les quelques jours qui nous restent », veut croire Gérard Deltell, chef du groupe parlementaire conservateur à la Chambre.
Rien ne laisse augurer ni une vague bleue (conservatrice) ni une vague rouge (libérale), et la probabilité la plus forte est que, à l’issue du scrutin du lundi 20 septembre, l’un des deux leaders se retrouve à la tête d’un gouvernement minoritaire. Mais Erin O’Toole, 48 ans, a d’ores et déjà remporté une première manche, celle d’apparaître comme un premier ministre possible, lui qui, à la tête du Parti conservateur depuis seulement août 2020, était largement inconnu de ses concitoyens lorsque les élections ont été déclenchées, le 15 août.
« Conservatisme compatissant »
A Orford, Erin O’Toole, avocat de formation et ayant servi comme pilote d’hélicoptère pendant plus de dix ans dans les Forces armées canadiennes, joue de sa personnalité bonhomme dans un français presque impeccable, acquis à coups de cours intensifs depuis un an. « Je suis un petit gars né à Montréal qui a grandi dans la région de Toronto, je suis issu de la classe moyenne, avec un père qui travaillait dans l’industrie automobile et qui m’a inculqué la valeur travail. »
Une présentation habile de « Canadien lambda » qui lui permet de se démarquer de la « bulle politique » dans laquelle aurait vécu toute sa vie son adversaire Justin Trudeau. Mais dans laquelle il omet quelques lignes de CV : son père a été député provincial de l’Ontario pendant près de vingt ans, dans la même circonscription de Durham, dont il est l’élu fédéral, et il a lui-même été, brièvement, ministre des anciens combattants, sous le gouvernement de Stephen Harper, en 2015.
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