Des dizaines de camions-citernes transportant du fioul iranien et acheminés par le Hezbollah sont arrivés mercredi matin depuis la Syrie au Liban, en proie à de graves pénuries de carburant, selon un correspondant de l’AFP.
En août, le chef du mouvement chiite pro-Iran, Hassan Nasrallah, avait annoncé le départ d’un premier navire iranien chargé de carburant destiné au Liban, promettant que d’autres allaient suivre, alors que l’Etat libanais, en faillite et à court de devises étrangères, peine à importer.
Un premier convoi de 20 camions-citernes, portant des plaques d’immatriculation syriennes est entré en territoire libanais mercredi via un passage illégal dans la région du Hermel (est), a indiqué le correspondant de l’AFP sur place.
Arrivés de Syrie où le navire iranien a déchargé sa cargaison, les camions-citernes ont été accueillis dans la liesse par des sympathisants du parti pro-Iran stationnés le long de la route menant de Hermel à Baalbeck, deux fiefs du Hezbollah.
De part et d’autre de la route, des femmes ont lancé des youyous ainsi que du riz et des pétales de roses tandis que des hommes brandissaient des drapeaux du parti chiite.
– Tirs de joie –
Des images circulant sur les réseaux sociaux ont montré des hommes tirant des roquettes en l’air, tandis que des tirs de joie retentissaient au passage des camions-citernes.
Des camions-citernes transportant du fioul iranien, acheminés par le Hezbollah, arrivent de Syrie à Hermel, le 16 septembre 2021 au Liban (AFP – -)
Au total, 80 camions-citernes, d’une capacité totale de quatre millions de litres, devaient arriver jeudi au Liban.
Ils déchargeront leurs cargaisons à Baalbeck dans les réservoirs de stations-service détenues par le Hezbollah et visées depuis février 2020 par des sanctions américaines, avant d’être distribuées sur le marché, par ordre de priorités.
« C’est une aide humanitaire qui répond aux besoins de la population et des producteurs de pain, de farine et des produits de première nécessité », affirme Jawad, 50 ans, un habitant du Hermel.
Le Hezbollah « ne prendra pas la place de l’Etat, c’est une mesure temporaire jusqu’à ce que l’Etat puisse assumer ses fonctions », ajoute-t-il, en allusion aux critiques lancées par des Libanais à l’adresse du parti, l’accusant d’instaurer un Etat dans l’Etat et d’exposer le Liban au risque de sanctions économiques.
Ennemi juré des Etats-Unis et d’Israël et visé par des sanctions, le Hezbollah est un poids lourd de la vie politique libanaise.
Depuis l’automne 2019, le Liban vit au rythme d’une crise inédite, qualifiée par la Banque mondiale d’une des pires au monde depuis 1850.
Le pays a aussi vu sa monnaie nationale perdre plus de 90% de sa valeur face au dollar sur le marché noir.
Des camions-citernes transportant du fioul iranien, acheminés par le Hezbollah, arrivent de Syrie à Hermel, le 16 septembre 2021 au Liban (AFP – -)
La valeur de la livre libanaise a toutefois connu une légère amélioration depuis la formation du nouveau gouvernement vendredi dernier, après 13 mois de vide ayant aggravé la crise.
Selon le site lirarate.org, le taux est passé de 18.000 à 14.000 livres pour un dollar sur le marché noir.
L’arrivée du fuel iranien intervient près d’une semaine après un accord conclu entre les ministres de l’Energie d’Egypte, de Jordanie, de Syrie et du Liban pour l’acheminement de gaz égyptien et d’électricité venue de Jordanie via la Syrie, et ce malgré les sanctions américaines visant le pouvoir syrien.
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