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Macron persiste sur sa réforme décriée de l’assurance chômage

Le gouvernement est décidé à aller jusqu’au bout. En effet, il vient d’envoyer aux partenaires sociaux le nouveau projet de décret durcissant à partir du 1er octobre prochain le calcul de l’allocation-chômage, mesure phare de sa grande réforme de l’assurance chômage qui a été retoquée en juin dernier par le Conseil d’Etat à la suite d’un référé déposé par les syndicats. L’institution a estimé que le moment choisi n’était pas le bon compte tenu de la conjoncture économique du début de l’été. A n’en pas douter, les centrales vont déposer un nouveau recours dans les prochains jours pour faire échouer l’exécutif.

Mais pour Elisabeth Borne, la ministre du Travail, cette fois, c’est la bonne: « Les chiffres sont spectaculaires, insiste-t-elle dans Le Parisien. Une perspective de croissance à 6,3% pour 2021, des records d’embauche au deuxième trimestre avec une part de CDI de près de 50% et un taux de chômage revenu à son niveau d’avant-crise. » Promesse de campagne d’Emmanuel Macron en 2017, la réforme doit être un marqueur de la fin de son quinquennat pour montrer que le gouvernement continue à agir. Et l’exécutif n’en démord pas: son projet va permettre de lutter contre les pénuries d’emploi et de favoriser l’emploi durable au détriment des contrats courts. « L’objectif est

d’encourager le travail et de répondre aux tensions de recrutement que l’on constate aujourd’hui », poursuit Elisabeth Borne. A la clé, quelque 3,6 milliards d’économies, selon le gouvernement, pour éponger le déficit du régime qui va atteindre 10 milliards d’euros à la fin de l’année, une conséquence de la crise sanitaire.

Une réforme dure

Un constat partagé par Bertrand Martinot, spécialiste de l’emploi et conseiller à l’Institut Montaigne: « Avant la réforme, le montant de l’allocation était proportionnel au salaire journalier antérieur, indépendamment du salaire gagné sur le mois, explique-t-il. Conséquence, un chômeur pouvait gagner davantage en travaillant une fraction de mois avec un salaire journalier élevé qu’en travaillant un mois entier avec un salaire journalier plus faible. »

Même si cet économiste reconnaît que la mesure est dure et va toucher une population fragile: « Il ne faut pas sous-estimer la dureté de la réforme, s’agissant d’allocataires dont l’indemnisation ne dépasse souvent pas 1.000 euros nets par mois. » Il est vrai que socialement, cette mesure est explosive car elle va toucher d’abord les peu diplômés et les jeunes. Selon une étude de l’Insee datant d’avant la crise sanitaire, 15% des moins de 25 ans occupant un emploi sont en contrat court, contre 4% pour les 25- 49 ans. Les ouvriers sont 10,6% à enchaîner les contrats courts contre 5,5% pour les employés et 1,5% pour les cadres.

Limiter l’impact social

Alors, pour limiter l’impact de la réforme sur les travailleurs, le gouvernement tente de muscler sa gauche avec l’annonce d’un plan inédit pour les chômeurs de longue durée. « Nous nous engageons à ce que tous les demandeurs d’emploi de longue durée, soit 1,5 million de personnes, soient recontactés par un conseiller Pôle emploi d’ici la fin de l’année », a martelé la ministre du Travail, Élisabeth Borne. Le but : les mettre en relation avec des employeurs qui vont recevoir des subventions de l’Etat pour les former. « Cela va dans le bon sens, mais il reste encore à faire pour améliorer l’efficacité du marché du travail, affirme François Fontaine, professeur à l’École d’économie de Paris (PSE). En particulier, l’accompagnement des chômeurs reste l’angle mort des politiques de l’emploi depuis des décennies alors que les pays qui s’en sortent le mieux sont ceux qui les accompagnent activement, leur offrant des rendez-vous réguliers avec des conseillers qui les aident dans leur recherche d’emploi et les guident vers les formations nécessaires. » Autre geste, très symbolique: l’extension de l’assurance chômage aux indépendants, une autre promesse de campagne, qui vont pouvoir toucher une allocation une fois tous les cinq ans.

Suffisant pour faire taire les critiques? Pas vraiment d’autant que le gouvernement marche à reculons pour mettre en place un bonus-malus sur les contrats courts qui pénaliserait les employeurs gourmands de ce type de contrats. « Le dispositif de bonus-malus, qui doit inciter les employeurs à recourir davantage à des périodes d’emploi plus longues, n’a qu’une portée réduite, détaille Bertrand Martinot. En effet, il va être limité à quelques secteurs et la modulation des cotisations est faible, plus ou moins un point. » De plus, il ne sera réellement effectif que mi-2022 alors que le changement du calcul de l’allocation va entrer en vigueur dans quelques jours. De quoi pénaliser les chômeurs mais pas certaines entreprises qui devraient encore proposer des contrats courts et précaires…

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