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La mort d’Abimael Guzman, fondateur de la guérilla maoïste péruvienne Sentier lumineux

Abimael Guzman, à la prison de haute sécurité de Callao, au Pérou, le 5 novembre 2004. MARIANA BAZO / REUTERS

Son nom est au Pérou synonyme de terreur. Le fondateur de la guérilla maoïste du Sentier lumineux, Abimael Guzman, instigateur de la lutte armée en 1980, est mort, samedi 11 septembre, à l’âge de 86 ans, dans sa cellule de la prison de Callao, au nord de Lima, où il purgeait une peine de prison à perpétuité. Il avait été condamné par un tribunal militaire en 1992, puis par la justice civile en 2006 et 2018, pour « terrorisme aggravé contre l’Etat et homicides qualifiés ».

A la tête de l’organisation du Sentier lumineux, groupe qu’il avait fondé en 1970 comme scission du Parti communiste, Abimael Guzman, alias « camarade Gonzalo », avait lancé une « guerre populaire » contre l’Etat en vue d’instaurer un Etat communiste.

Une guerre qui a conduit à la mort de près de 70 000 personnes, selon le rapport final de la Commission de la vérité et réconciliation (CVR), dont 54 % imputés au Sentier lumineux (le reste étant dû aux exactions de la police, de l’armée ainsi qu’aux groupes civils d’autodéfense et, enfin, à la guérilla du MRTA, le Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru). Une guerre qui marque encore jusqu’à aujourd’hui la société péruvienne avec ses 20 000 disparus et 600 000 déplacés.

Originaire d’une famille plutôt aisée du sud du pays, homme lettré, Abimael Guzman avait pris pour modèle la Chine de Mao, où il réalisa deux séjours dans les années 1960. Il reprenait la théorie selon laquelle la révolution devait partir des campagnes pour se propager vers les villes. Le « pensamiento Gonzalo » – « la pensée Gonzalo » – était l’application du maoïsme à la réalité péruvienne de son époque.

Violence des méthodes

C’est donc à Ayacucho (sud du pays), une région pauvre et rurale des Andes péruviennes, où il enseignait alors la philosophie à l’université, qu’il recrute les premiers militants, dans les années 1960. La pauvreté, les discriminations raciales et le ressentiment des oubliés de la réforme agraire de 1969 seront le terreau de son mouvement.

Quelques années plus tard, il entre en clandestinité, forme des colonnes insurgées armées, et le 17 mai 1980, déclare la guerre à l’Etat par une action symbolique : l’incendie des listes électorales de Chuschi (Ayacucho), comme refus de participer à la « farce électorale » de « l’Etat oppresseur ».

Bénéficiant au début d’un appui des paysans, séduits par son discours de justice sociale, le Sentier lumineux n’obtiendra jamais un soutien massif des populations en raison de la brutalité et de la violence de ses méthodes. Il s’en prenait non seulement à des cibles militaires ou des institutions d’Etat mais aussi et surtout aux civils, accusés d’être des délateurs ou de ne pas respecter les principes de la révolution. Aussi, la majorité des victimes (79 %) du Sentier Lumineux était des paysans ou des Amérindiens des Andes ou d’Amazonie.

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