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Le Qatar au centre du jeu diplomatique afghan

Le ministre des affaires étrangères qatari, Mohammed Ben Abderrahmane Al Thani (6e à gauche) rencontre le nouveau premier ministre afghan, le mollah Mohammad Hassan Akhund (au centre), à Kaboul le 12 septembre 2021. AFP PHOTO/HO/QATARI FOREIGN MINISTRY

Dans l’affaire afghane, le Qatar est omniprésent. Le micro-Etat, situé à 2 000 kilomètres de Kaboul, joue un rôle-clé, aussi bien dans le processus d’évacuation des personnes menacées par le retour au pouvoir des talibans que dans les prémices de contact avec les nouveaux maîtres de Kaboul et les efforts pour contenir la crise humanitaire menaçant de submerger le pays.

C’est au Qatar que le groupe de Franco-Afghans qui ont réussi, vendredi 10 septembre, à s’envoler de Kaboul, doit sa liberté retrouvée. La monarchie du golfe Arabo-Persique a permis la réouverture de l’aéroport, en réhabilitant, en un temps record, le terminal passagers saccagé à la fin août, dans la ruée sur le tarmac déclenchée par l’entrée des fondamentalistes pachtouns dans Kaboul. Et c’est à bord d’un Boeing de Qatar Airways, la compagnie de l’opulente principauté gazière, que les binationaux et des membres de leurs familles – 49 personnes sur un total de 158 passagers – ont atterri à Doha, avant de réembarquer dans un avion à destination de Paris.

Mis au ban du Golfe il y a quatre ans, pour son refus de se conformer à la ligne anti-Iran et anti-islam politique des Saoudiens et des Emiratis, menacé à cette époque de perdre ses entrées à la Maison Blanche, où l’on dénonçait ses accointances avec les « barbus », l’émirat s’est spectaculairement replacé au centre du jeu diplomatique. Il tire les dividendes de son patient travail de médiation dans la crise afghane, qui a culminé avec l’accord sur le retrait américain, signé avec les talibans, en février 2020, à Doha. Pour tous les pays désireux de peser dans ce dossier, Doha est devenu le point de passage obligé.

En témoigne le défilé, depuis le début du mois, dans la capitale qatarie, des principaux ministres des affaires étrangères occidentaux. Dernier venu après ses homologues américain, britannique, allemand, néerlandais et italien, Jean-Yves Le Drian, le chef de la diplomatie française, a salué, lundi 13 septembre, la « mobilisation exceptionnelle » de la monarchie.

« Partenariat solide »

Sur les 124 000 Afghans et étrangers qui se sont envolés de Kaboul depuis la chute, à la mi-août, du régime du président Ashraf Ghani – une conséquence du départ des soldats américains –, la moitié ont transité par le sol qatari. Tous ont été testés pour le Covid-19, logés, nourris et, pour certains, soignés aux frais de Doha.

Si d’autres pays ont facilité ce gigantesque pont aérien, comme les Emirats arabes unis (EAU), le voisin et rival du Qatar qui a ouvert ses frontières à 40 000 évacués, aucun n’a consenti les efforts de Doha. Pour désengorger les hangars d’Al-Udeid, l’énorme base américaine, en plein désert qatari, où les déplacés d’Afghanistan ont été initialement installés, l’émirat a réquisitionné des hôtels ainsi que des complexes, construits pour la Coupe du monde de football 2022. L’ambassadeur qatari à Kaboul a personnellement escorté des ressortissants américains jusqu’à l’aéroport.

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