Paul Veneto est parti à pied de l’aéroport de Logan à Boston (Massachusetts), le 21 août, en direction du Mémorial du 11-Septembre à Manhattan, en poussant un chariot de boissons de personnel naviguant. Ancien steward, Paul était alors un habitué du vol 175, celui-là même qui s’est encastré dans la tour sud du World Trade Center. Mais il y a vingt ans, il avait posé un jour de congé. Longtemps rongé par la culpabilité, il a décidé d’agir en ce 20e anniversaire et de sensibiliser avec son périple de 354 kilomètres.
« C’est un hommage aux équipages qui, finalement, ont été les premiers “premiers secours”, explique d’une voix brisée Michael, un de ses deux amis venus l’accueillir à New York en ce samedi 11 septembre. Car on parle souvent des hôtesses qui se sont battues sur le vol 93 avec des passagers et dont l’avion s’est écrasé [ce jour-là] en Pennsylvanie, mais les équipages des trois autres vols ont forcément été héroïques et ont protégé les passagers, à 37 000 pieds d’altitude. »
En ce matin des commémorations de l’attaque, sur le pont de Brooklyn, Tom et Michael prennent quelques photos en l’attendant. Au loin, derrière Tom, s’élève le One World Trade Centre, la « Freedom Tower » de 94 étages, la tour la plus haute des Etats-Unis, érigée dès 2006 à quelques mètres seulement du Mémorial. Le symbole de résilience par excellence.
Pèlerinage et communion
Le pont fut également un bâtiment stratégique le 11 septembre 2001 : 500 000 New-Yorkais l’avaient emprunté, fuyant Manhattan, les fumées toxiques, la chaleur réverbérée du béton en feu et les nuages de cendres. De l’autre côté de l’East River, les résidents les avaient accueillis avec de l’eau.
Paul, lui, n’est plus qu’à 3 kilomètres ; il arrivera à temps à l’hommage auquel viennent assister Joe Biden, les anciens présidents Clinton et Obama, ainsi que les trois premières dames. La cérémonie, qui n’est pas ouverte au public, a nécessité un renforcement de la sécurité sur la pointe sud de Manhattan. « Nous nous concentrons sur les familles des victimes », avance Clifford Chanin, le vice-président du Mémorial.
L’émotion se fait tout de même sentir à l’approche des barrières. Il y a bien quelques badauds, mais surtout beaucoup de New-Yorkais, qui veulent montrer leur soutien aux familles et recherchent cette communion à un moment où les Etats-Unis ne parviennent plus à retrouver leur unité. Isolées ou en famille, d’anciennes victimes ont également fait le déplacement ; comme Paul Veneto, elles viennent en pèlerinage, reviennent sur les lieux des attaques, comme aimantées, et, surtout, encore largement marquées.
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