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L’opposition birmane déclare la guerre au régime militaire

Duwa Lashi La, « président par intérim » du gouvernement d’unité nationale, appelant sur Facebook à se rebeller contre la junte, le 7 septembre 2021. NATIONAL UNITY GOVERNMENT VIA FACEBOOK / AP

Le gouvernement d’opposition clandestine aux généraux de Birmanie qui se sont emparés du pouvoir en février s’est décidé, mardi 7 septembre, à déclarer officiellement la guerre aux forces armées du Myanmar. Duwa Lashi La, un avocat membre de la minorité ethnique des Kachin, nommé en avril « président par intérim » du gouvernement d’unité nationale (NUG), a utilisé Facebook, principal vecteur d’information en Birmanie, pour demander à ses concitoyens de se rebeller « depuis tous les recoins » du pays contre la junte du général Min Aung Hlaing, organisateur du putsch du 1er février. Les fonctionnaires sont sommés de quitter leur travail, les soldats, de rejoindre la résistance.

Cet appel à une « guerre défensive » s’adresse aussi à la mouvance armée de l’opposition, la « force de défense populaire » (PDF) – une nébuleuse de groupuscules disparates et hétéroclites qui mènent depuis des mois des attaques de guérilla contre les militaires –, ainsi qu’aux armées ethniques, c’est-à-dire à la quinzaine de groupes armés contrôlant des zones de peuplement des minorités aux frontières avec la Thaïlande, la Chine et l’Inde. Certaines, comme celle des Karen, sont en conflit intermittent avec la Tatmadaw (l’armée birmane) depuis 1948, date de l’indépendance.

Les grandes manifestations qui ont suivi le coup d’Etat, en mars et en avril, se sont taries car l’armée a tiré à balles réelles, faisant des centaines de morts, avant qu’une vague de contaminations au variant Delta ne submerge le pays. Le bilan des morts civils dépasse aujourd’hui le millier de tués.

« Cette révolution est juste et équitable, elle est nécessaire pour construire une union fédérale avec une paix durable », a déclaré Duwa Lashi La dans un discours de 7 minutes. Comme les autres dirigeants du NUG, il se trouve dans un lieu tenu secret, possiblement une zone contrôlée par une des armées ethniques.

Le spectre d’une guerre civile prolongée

Le NUG a été formé au printemps à l’initiative d’anciens caciques et parlementaires de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), le parti de l’ancienne dirigeante emprisonnée Aung San Suu Kyi. L’appel au soulèvement armé contre le régime, à une semaine de l’Assemblée générale des Nations unies (ONU), n’aura pas forcément de conséquences militaires immédiates sur le terrain mais marque une nouvelle étape dans la résistance contre une armée plus détestée que jamais. Elle fait aussi surgir le spectre d’une guerre civile prolongée dans un pays exsangue, durement frappé par le Covid-19.

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