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Cybersécurité : la défense française veut renforcer ses troupes de cybercombattants

La ministre de la défense française, Florence Parly, lors d’une visite du 16e bataillon de chasseurs, à Bitche, en octobre 2017. JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

Face à la multiplication récente des cyberattaques, ainsi qu’à leur gravité, le ministère des armées a revu à la hausse ses objectifs de recrutement dans la cyberdéfense. Il prévoit d’embaucher « 770 cybercombattants en plus des 1 100 initialement prévus » d’ici à 2025, a annoncé mercredi 8 septembre Florence Parly.

Alors que la France dispose depuis 2017 d’un commandement militaire de cyberdéfense (nommé « Comcyber »), la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 prévoyait déjà un budget de 1,6 milliard d’euros pour la cyberdéfense et le recrutement de 1 100 cybercombattants supplémentaires pour atteindre un effectif de 4 000 personnes. Or « compte tenu de la multiplication et de la gravité des cyberattaques, j’ai décidé d’intensifier les recrutements », a déclaré la ministre au Forum international de la cybersécurité de Lille.

« D’un nouvel espace de conflictualité, nous en sommes aujourd’hui à nous interroger sur l’existence d’une “guerre froide dans le cyberespace », s’est-elle inquiétée. Ainsi, « le ministère des armées recrutera 770 cybercombattants en plus des 1 100 initialement prévus » pour atteindre 5 000 personnes en 2025 au sein des armées, de la direction générale de l’armement (DGA) et du service de renseignement extérieur français (DGSE), a-t-elle précisé en rappelant l’ambition de la France de devenir « un champion de la cybersécurité ».

« L’arme “cyber” en appui » des opérations militaires

Les vols de données et attaques au rançongiciel se sont multipliés ces derniers mois dans le monde. Différentes entreprises et administrations en étaient les cibles – dont un opérateur américain d’oléoducs, une entreprise de conditionnement de viande, le système informatique du service public de santé irlandais ou encore une grande compagnie aérienne indienne. A la fin de 2020, une gigantesque cyberattaque aux Etats-Unis avait affecté les serveurs de Microsoft et compromis le logiciel Orion de la firme américaine SolarWinds, utilisé pour la gestion et la supervision de réseaux informatiques de grandes entreprises ou d’administrations.

L’enjeu revêt également une dimension militaire, a rappelé Mme Parly en annonçant que la France compte organiser en janvier un forum rassemblant les responsables du cybercommandement des vingt-sept Etats membres de l’Union européenne.

« Le ministère des armées a des missions et des enjeux (…) qui nécessitent que nous utilisions l’arme “cyber” en appui de nos opérations. Nos adversaires ne s’en privent pas, qu’ils s’agissent de puissances étatiques, de groupes terroristes ou de leurs soutiens. » Sur le terrain de l’opération « Barkhane », au Sahel, qui mobilise plus de 5 000 militaires français et doit être profondément redessinée ces prochains mois, a « récemment [été] constaté[e] une augmentation des attaques », a notamment affirmé la ministre.

Difficultés de recrutement de cyberspécialistes

L’annonce de ces recrutements supplémentaires au sein de la cyberdéfense « démontre une prise de conscience de la vulnérabilité de plus en plus importante de nos sociétés » face au risque d’attaques dans ce domaine « et du besoin d’y faire face et d’agir », a commenté Aude Géry, chercheuse à l’Institut français de géopolitique. La France veut montrer « qu’elle est là, qu’elle a des moyens et qu’elle défendra ses intérêts stratégiques ». La question est maintenant de savoir où vont « aller les recrutements, vers le défensif ou vers l’offensif », au risque dans ce dernier cas d’entretenir une certaine escalade dans la conflictualité numérique, selon l’experte.

Pour le ministère des armées, remplir ces ambitieux objectifs de recrutement sera un défi, alors que les cyberspécialistes font cruellement défaut sur le marché de l’emploi malgré les efforts pour ouvrir de nouvelles formations. Les entreprises privées spécialisées, qui sont sur un marché en croissance de 10 % par an en moyenne, peinent à trouver les bras dont elles ont besoin malgré des conditions financières souvent plus avantageuses que dans le secteur public.

Pour le « Comcyber » en tout cas, le recrutement n’a pas été un problème majeur « jusqu’à maintenant », grâce à l’attrait pour les missions au service de l’intérêt national, assurait mercredi le général Philippe de Montenon, numéro deux du cybercommandement, lors d’une table ronde organisée au Forum international de la cybersécurité de Lille.

Le Monde avec AFP

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