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« Au Bangladesh, il existe un facteur de migration important et souvent négligé, celui de la saturation des villes »

Chronique. De nombreux migrants qui rejoignent illégalement l’Europe ne fuient ni la guerre ni l’extrême pauvreté. Selon les derniers chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), ils sont principalement originaires du Bangladesh : 4 196 d’entre eux ont rejoint le Vieux Continent par la Méditerranée au cours des sept premiers mois de l’année 2021, soit 13,2 % du total des arrivées. Un chiffre largement supérieur aux Syriens (6,7 %), aux Soudanais (4,2 %) ou aux Afghans (3,5 %). « En mai 2021, le nombre de Bangladais traversant illégalement les frontières européennes (1 714) a été anormalement élevé, a récemment observé le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EPSO), un chiffre qui est resté très important en juin (884). »

La saturation des villes est telle que les catastrophes à venir au Bangladesh ne seront plus seulement climatiques mais urbaines

Le Bangladesh a pourtant enregistré la croissance économique la plus élevée d’Asie du Sud au cours de ces dix dernières années, laquelle s’est traduite par une amélioration des indicateurs de développement. Entre 1991 et 2016, le nombre d’habitants vivant sous le seuil de 1,9 dollar (environ 1,60 euro) par jour ne représentait que 14,3 % de la population en 2016, contre 43,5 % vingt-cinq ans plus tôt, en 1991. Le pays s’apprêtait même à rejoindre le club des pays à moyen revenu en 2021 avant qu’il ne soit frappé par la pandémie de Covid-19.

« Les districts où les départs sont les plus importants ne sont pas nécessairement les plus touchés par les catastrophes naturelles ou les plus pauvres, explique Shariful Islam de l’ONG bangladaise BRAC. Ce sont souvent les habitants les plus aisés qui partent illégalement en Europe alors que les pauvres vont plutôt dans les pays du Golfe. » La hausse du niveau de vie pourrait donc faciliter les départs au lieu de freiner les migrations illégales. Seuls ceux qui ont un lopin de terre à vendre, ou disposent de quelques économies, peuvent payer un passeur entre 5 000 et 10 000 euros.

Explosion urbaine

Mais il existe un autre facteur de migration important et trop souvent négligé, celui de la saturation des villes. La capitale Dacca a vu sa population décupler en quarante ans et abrite à elle seule le tiers de la population urbaine du pays. Avec près de 50 000 habitants par km², elle est l’une des plus densément peuplées au monde et s’est transformée en un cauchemar urbain. Les rivières sont devenues des égouts à ciel ouvert, et les chauffeurs de cyclopousse dorment sur leurs vélos faute de pouvoir trouver un logement.

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