L’agression de Takeshi Kitano enflamme les réseaux sociaux au Japon, où certains y voient un geste politique. Le cinéaste, par ailleurs personnalité populaire de la télévision japonaise sous le pseudonyme de Beat Takeshi, a été la cible d’une attaque dans la soirée du samedi 4 septembre. Alors qu’il sortait en voiture des studios de la chaîne privée TBS au cœur de Tokyo, il a vu débouler un homme d’une quarantaine d’années armé d’une pioche. L’agresseur a brisé le pare-brise du véhicule, avant d’être maîtrisé par les agents de sécurité. Ni Takeshi Kitano, ni son chauffeur n’ont été blessés.
Officiellement, l’incident serait une « simple » vengeance. Selon l’agence Kyodo, l’agresseur, par ailleurs membre d’un gang basé dans le département de Chiba, voisin de Tokyo, voulait travailler pour M. Kitano. « En juin, je l’ai attendu au même endroit. Je me suis agenouillé près de la voiture et je l’ai supplié de m’aider à entrer dans le monde du show-business, mais il m’a ignoré », a-t-il déclaré à la police.
Sa démarche n’a rien de très exceptionnel au Japon, où le concept de groupe, avec un chef et des disciples, reste développé. Cela vaut pour la pègre mais également dans le monde de la culture et du show-business. Takeshi Kitano a son groupe appelé Gundam, « l’escadron », qui inclut une trentaine de membres, parfois au passé aussi complexe que le sien.
Maître du burlesque
Né en 1947 dans une famille modeste du quartier pauvre d’Adachi, dans le nord-est de Tokyo, le réalisateur a commencé par des petits boulots avant de monter sur la scène d’un cabaret, le Furansu, où il a construit sa notoriété de maître du burlesque. En parallèle, ce passionné de boxe n’a jamais hésité à faire le coup de poing et nombre de ses films, plongés dans l’univers des yakuzas, sont imprégnés de violence.
Mais cette fois, pour les réseaux sociaux nippons, l’agression n’a rien d’une vengeance. Elle tient aux propos formulés par Takeshi Kitano pendant l’émission hebdomadaire « Joho 7 Days », qu’il venait d’enregistrer au moment de l’attaque.
Le Japon s’apprêtant à changer de premier ministre après l’annonce le 3 septembre par le chef du gouvernement, Yoshihide Suga, qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat, la politique a dominé les débats. « M. Suga a fait de son mieux mais a été écrasé par la pandémie de coronavirus », a lancé Takeshi Kitano qui a ironisé sur le Parti libéral démocrate (Le PLD au pouvoir) et sur l’opposition démocrate, « une administration horrible » quand elle était aux affaires entre 2009 et 2012. Le tout pour conclure en riant que son vote pourrait « aller au Parti communiste » (PCJ) lors des législatives prévues a l’automne.
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