La gestion de l’épidémie de Covid-19 tourne à la catastrophe sanitaire, économique et démocratique au Sri Lanka dirigé par les frères Rajapaksa, qui détiennent tous les leviers du pouvoir depuis près de deux ans mais dont la popularité s’érode au fil des semaines. Gotabaya Rajapaksa occupe la présidence et Mahinda, à la tête de l’Etat entre 2005 et 2015, est premier ministre. Trois autres membres de la famille, frères ou fils, ont été promus dans le gouvernement, notamment au ministère-clé des finances.
L’île, 21,9 millions d’habitants, est l’un des pays les plus touchés par le virus. Il a enregistré ces dernières semaines une moyenne de 3 300 cas par jour, dont 200 morts, ce qui porte officiellement le total à 459 459 infections depuis le début de l’épidémie et près de 10 000 morts, un bilan qu’il faut, selon les experts, multiplier par deux. La troisième vague épidémique a commencé à frapper le pays en avril, à l’occasion des célébrations du Nouvel An. Les gens se sont agglutinés sur les marchés, les pouvoirs publics n’ont pas réagi. En juin, les premiers cas du variant Delta ont été détectés. Les hôpitaux sont désormais à saturation et l’oxygène manque. L’Inde, qui a connu pareille crise en avril et mai, a envoyé 150 tonnes d’oxygène.
Sous le feu des critiques des professionnels de la santé, le chef de gouvernement a fait sauter un fusible le 16 août en limogeant la ministre de la santé, rétrogradée au ministère des transports. Pavithra Wanniarachchi s’était illustrée en encourageant la consommation d’une « potion magique » préparée par un sorcier qu’elle avait elle-même ingurgitée puis en versant de l’eau « bénite » dans une rivière sur les conseils d’un gourou afin de mettre fin à la pandémie, ce qui ne l’avait pas empêchée de contracter le virus et d’être hospitalisée en soins intensifs.
Une dette de 3,7 milliards de dollars
Par souci de préserver une économie à l’agonie, le président sri-lankais s’est refusé à imposer des contraintes. Il a fallu attendre le 20 août pour qu’un couvre-feu nocturne soit imposé. « Une blague », selon le président du College of Medical Laboratory Science, Ravi Kumudesh, qui souligne que les usines de confection ou les chantiers de construction sont restés ouverts sans que leurs travailleurs soient testés. Les médecins et l’opposition pressent le gouvernement de décréter un vrai confinement de la population.
Sur le plan économique, le pays est exsangue. L’île, qui attirait plus de deux millions de visiteurs par an, a vu le tourisme s’effondrer, d’abord avec les attentats sanglants de 2019 le jour de Pâques, contre des églises chrétiennes et des hôtels, puis avec la pandémie. Le PIB a reculé de 3,6 % en 2020. Les réserves de change ont fondu, passant de 7,5 milliards de dollars en novembre 2019 à 2,8 milliards de dollars fin juillet. La roupie, quant à elle, a perdu 20 % de sa valeur par rapport au dollar américain. Le pays n’est plus en capacité de rembourser ses dettes extérieures, colossales, notamment celle contractée auprès des Chinois dont le Sri Lanka est de plus en plus dépendant. Il doit rembourser une dette extérieure de 3,7 milliards de dollars cette année. L’opposition a appelé le gouvernement à solliciter le soutien du FMI, mais le président s’y refuse.
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