En chute libre dans les sondages, Armin Laschet (CDU-CSU, chrétien-démocrate) devait passer à l’offensive. En tant que nouveau favori, Olaf Scholz (SPD, social-démocrate) n’avait aucun intérêt à prendre des risques. En position d’outsider, Annalena Baerbock (Verts) était tenue de marquer sa différence. En se retrouvant sur le plateau de RTL pour leur premier débat télévisé, dimanche 29 août, les trois principaux candidats à la succession d’Angela Merkel avaient chacun une feuille de route bien définie.
Pendant près de deux heures, ils s’y sont tenus à la lettre. A commencer par Armin Laschet, celui sur qui la pression était la plus forte. Critiqué pour son indécision et son manque de clarté, y compris dans son camp, le chef de file des conservateurs a tout fait pour gommer ses rondeurs habituelles. Mâchoires serrées et regard noir, il voulait manifestement éviter tout sourire qui aurait pu rappeler l’image qui lui colle à la peau depuis qu’il a été filmé hilare, mi-juillet, lors de sa venue dans une ville de Rhénanie dévastée par les inondations.
C’est à Olaf Scholz, son adversaire désormais le plus menaçant, qu’il a réservé ses principaux coups. Sur les sujets de défense, en reprochant notamment au SPD de s’être opposé à l’utilisation de drones armés par la Bundeswehr. Ou encore en sommant le candidat social-démocrate de répondre « non » à la question d’une éventuelle coalition avec le parti de gauche Die Linke. Ce que ce dernier a refusé de dire clairement, même s’il a laissé entendre que les positions de ce parti sur l’OTAN ou l’Europe rendaient très improbable une telle alliance.
Ces deux angles d’attaque n’ont pas été choisis au hasard. L’une des faiblesses d’Olaf Scholz dans cette élection est en effet le SPD, dont il est certes aujourd’hui le candidat, mais dont il a échoué à prendre la présidence, fin 2019, en se faisant mettre en minorité par la gauche du parti. Or, sur la politique de défense comme sur la relation à Die Linke, Olaf Scholz est dans la position inconfortable de celui qui est personnellement en désaccord avec la direction de son parti mais qui est politiquement tenu de ne pas le dire trop fort.
« Merkélisation » d’Olaf Scholz
Face à ces coups de griffe, le candidat du SPD a opposé une impassibilité de sphinx, sans forcément répondre avec précision à son adversaire mais réussissant à le déstabiliser par sa capacité à ne jamais se laisser désarçonner. Dans le passé, cette rhétorique d’automate n’a pas toujours été mise à son avantage, comme le rappelle le surnom de « Scholzomat » dont il a été affublé quand il était secrétaire général du parti de 2002 à 2004. Aujourd’hui, le candidat du SPD pense que c’est sa force. Notamment parce que cette sobriété rappelle celle d’Angela Merkel, dont il est le ministre des finances depuis 2018 et de laquelle il se présente comme l’héritier. Une filiation que le SPD revendique en diffusant depuis quelques jours une affiche de son candidat marquée de cette phrase : « Er kann Kanzlerin » (« Il peut devenir chancelière »).
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