Itzel Alvarez arbore un cartable flambant neuf dans les allées d’un marché en plein air de la ville de Mexico. La fillette de 7 ans ne fera pourtant pas sa rentrée scolaire, prévue lundi 30 août, au Mexique : « Maman dit que c’est dangereux. » Plus de la moitié des parents mexicains rejettent ce retour en classe, après dix-sept mois de fermeture des écoles en temps de Covid-19. Même levée de boucliers chez les professeurs, qui dénoncent les risques sanitaires en pleine troisième vague de contagions, sur fond d’explosion de la surmortalité.
« Je ne serai l’otage de personne », a déclaré dans une vidéo, vendredi 27 août, le président, Andres Manuel Lopez Obrador (« AMLO »), alors qu’il était bloqué durant plus d’une heure dans sa voiture par une manifestation d’enseignants dans l’Etat du Chiapas (sud-ouest). La mobilisation, qui a empêché le dirigeant de participer pour la première fois à sa conférence de presse quotidienne, était organisée par la Coordination nationale des travailleurs de l’éducation (CNTE), réclamant des garanties salariales et l’annulation de la rentrée scolaire en présentiel. « Je ne céderai pas au chantage ! », leur a répondu le président, qui appelle les 37 millions d’élèves, de la maternelle au secondaire, à reprendre, lundi, le chemin des plus de 200 000 écoles publiques qu’« il pleuve ou qu’il vente ».
Les écoles ont été les premières institutions fermées, dès le 23 mars 2020, au début de la pandémie. Deux mois et demi plus tard, les autorités levaient progressivement le confinement des activités non essentielles à partir d’un code régional à quatre couleurs – rouge, orange, jaune et vert – en fonction des contagions. Mais les écoles, elles, n’ont jamais rouvert leurs portes, une exception en Amérique latine. Les élèves ont ainsi suivi leurs cours par la télévision, dans un pays où la moitié des foyers n’a pas de connexion Internet fixe.
Importante surmortalité
« Le bien-être des enfants est la priorité », assure AMLO, qui estime que cette absence prolongée d’école « les a affectés physiquement, psychologiquement et émotionnellement ». Soutenu par de nombreuses organisations éducatives, l’argument est rejeté en bloc par la CNTE. « La rentrée aura bien lieu, lundi, mais pas en présentiel », affirment ses dirigeants. Selon les sondages, plus de 60 % des parents d’élèves partagent ce point de vue, certains réclamant un modèle hybride, mêlant des cours en présentiel et à distance. « Le retour en classe est nécessaire, mais ce n’est pas le moment, alors que la pandémie ne faiblit pas », a expliqué Luis Arturo Solis, vice-président de l’Union des parents d’élèves.
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