Le fait qu’une catastrophe soit attendue n’en réduit pas la portée. La série d’attentats commis à Kaboul, jeudi 26 août, avait été précédée par de nombreux avertissements publics, du côté américain, sur un danger imminent. La mort de treize militaires américains dans ces attaques, revendiquées par Etat islamique-K (EI-K), un groupe affilié à l’organisation terroriste, représente le scénario noir que l’administration Biden voulait éviter.
Très marqué, le débit lent, le président a pris une nouvelle fois la parole à la Maison Blanche, devant la presse. Il a confirmé la poursuite des opérations d’évacuation, qualifié les morts de « héros » et promis aux coupables de les châtier. « Nous vous pourchasserons et nous vous ferons payer », a-t-il dit. Une sémantique vengeresse en contradiction avec le propre langage corporel du président, mais surtout avec la séquence du moment, si humiliante pour l’Amérique. Au cours de son intervention, le président s’est abrité à plusieurs reprises derrière l’avis des responsables militaires pour justifier l’abandon définitif de l’aéroport de Bagram, qui aurait pu servir de hub alternatif à Kaboul, ou pour expliquer le refus de renforts, au-delà des 6 000 soldats déployés pour l’évacuation. Il a surtout souligné la nécessité de respecter la date du 31 août pour conclure le retrait américain. Soit cinq jours sous immense tension : sécuritaire, politique et médiatique.
« La menace terroriste a métastasé, expliquait le président américain le 20 août. Le danger posé par l’EI [organisation Etat islamique] et Al-Qaida et leurs affiliés est bien plus grand dans d’autres pays qu’il ne l’est en Afghanistan. » Cette estimation n’est pas fausse, mais elle expose aujourd’hui Joe Biden aux critiques. Aurait-il été envisageable de cibler les militants de l’EI-K avant l’accélération de l’évacuation ? Le président démocrate avait la conviction absolue que le retrait d’Afghanistan devait être comme une amputation : rapide, définitive, malgré la douleur inévitable. Mais cette journée transforme ce que Joe Biden concevait comme un acte courageux en atteinte grave à l’honneur et à l’intégrité du pays.
Sous la menace d’autres attaques
Confronté depuis la mi-août aux images du chaos afghan, aux scènes de détresse près de l’aéroport et aux critiques générales sur un retrait improvisé, le président américain a cherché, depuis dix jours, à mettre en scène le caractère exceptionnel de la mobilisation américaine. A chaque jour ses communiqués, ses conférences de presse de responsables de l’administration, pour scander les avancées. Au total, 104 000 personnes ont été évacuées de Kaboul, dont 37 000 par des pays alliés. Sur ce total, il y a 5 000 citoyens américains.
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