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Afghanistan : la victoire des talibans, succès pour le Qatar et inquiétude pour Riyad et Abou Dhabi

Le ministre qatari des affaires étrangères, Mohamed Al-Thani, et le mollah Abdul Ghani Baradar, représentant des talibans, le 14 août à Doha. MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU QATAR/ AFP

La chute de Kaboul aux mains des talibans a replacé la diplomatie qatarie sous le feu des projecteurs. C’est de Doha, à bord d’un avion militaire qatari, que le chef du bureau politique, le mollah Abdul Ghani Baradar, a rejoint Kandahar, le 17 août. Les nouveaux maîtres du pays ont fait d’Al-Jazira, la chaîne de télévision de l’émirat, leur canal de communication privilégié. En parallèle, Doha a facilité un accord entre Washington et les talibans pour offrir un passage sécurisé à l’évacuation d’étrangers et d’Afghans. Des milliers de personnes ont été transportées par le Qatar vers la base d’Al-Udeid. Son ambassade à Kaboul les aide à accéder à l’aéroport. Et 8 000 afghans seront accueillis temporairement au Qatar, ainsi que des membres de l’ancien gouvernement.

Le petit émirat du Golfe, qui accueille depuis 2013 une représentation talibane, à la demande des Etats-Unis, cherche à capitaliser sur sa proximité avec les chefs talibans pour poursuivre les efforts de médiation entre eux et les Américains. Ces efforts avaient abouti, en février 2020, à un accord prévoyant un calendrier de retrait américain et l’ouverture d’un dialogue interafghan. « Le Qatar a fait un énorme pari en restant proche des talibans ces dernières années. Il a toujours été soucieux que cela n’endommage pas sa relation avec les Etats-Unis. Et cela reste un pari, car, si les talibans se comportent mal, cela ternira la réputation de leurs proches alliés, que ce soit le Qatar, la Turquie, le Pakistan ou la Chine. Mais pour le moment, c’est une grande victoire pour le Qatar, qui est le principal canal de discussion vers les talibans », analyse Hussein Ibish, chercheur à l’Arab Gulf States Institute à Washington.

Le 17 août, le ministre qatari des affaires étrangères, Mohamed Al-Thani, a rencontré le mollah Baradar pour le convaincre d’opérer un « transfert pacifique du pouvoir ». Mais la conquête-éclair du pays par les insurgés islamistes et le soutien que leur ont manifesté la Chine et la Russie limitent la marge de manœuvre de Doha. « On a perdu le seul levier dont on disposait sur les talibans pour qu’ils privilégient le dialogue à la violence – leur reconnaissance par la communauté internationale – quand plusieurs pays ont établi des relations avec eux sans conditions, leur donnant carte blanche. Mais on ne ménagera aucun effort pour sauver ce qui peut l’être de l’accord de paix », assure une source diplomatique qatarie.

« Les talibans sont l’Arabie saoudite d’avant »

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