A Bagdad, samedi 28 août, tous les yeux seront rivés sur les représentants d’Iran et d’Arabie saoudite. Après des discussions menées dans le plus grand secret dans la capitale irakienne depuis avril, les deux puissances rivales seront réunies à la « conférence des voisins de l’Irak » organisée par le premier ministre Mustafa Al-Kadhimi. Téhéran sera représenté par le nouveau ministre des affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian. Le niveau de participation de l’Arabie saoudite, tout comme celui de la Turquie, n’avait toujours pas été dévoilé, vendredi matin. En revanche, le président égyptien et le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que le président français Emmanuel Macron, ont déjà confirmé leur présence à cette initiative diplomatique irakienne consacrée au soutien à la stabilité du pays hôte, à l’apaisement des tensions au Moyen-Orient et à l’intégration économique régionale.
Les observateurs ne s’attendent pas à une percée dans les discussions irano-saoudiennes ou dans les crises régionales (Liban, Yémen). Toutefois, note un diplomate étranger, « le fait que la conférence ait lieu et que la participation soit à un niveau si élevé est déjà une réussite. Cela n’allait pas de soi dans le contexte de tensions régionales, et alors que les négociations de Vienne [sur le nucléaire iranien] n’aboutissent pas ».
La Syrie n’a pas été invitée du fait de l’hostilité de la France et des Etats du Golfe. Bagdad a toutefois dépêché Falah Al-Fayyad, le chef de la sûreté nationale, à Damas pour remettre une lettre au président Bachar Al-Assad, réitérant l’assurance que la Syrie restait un partenaire de premier plan pour l’Irak.
La chute de Kaboul aux mains des talibans et la débâcle suscitée par le retrait américain risquent de vivifier les discussions. Dans le contexte de désengagement militaire américain du Moyen-Orient, et de questionnements accrus sur la volonté de Washington de continuer à assurer le rôle de garant de la sécurité régionale, les forces en présence multiplient les initiatives de dialogue. Les Etats-Unis – qui ont réduit sous Trump leur engagement en Irak à 2 500 militaires – devraient être représentés à un niveau modeste. « Le combat contre l’Etat islamique nécessite le maintien des Etats-Unis », considère-t-on à l’Elysée, pour couper court à tout parallèle avec l’Afghanistan.
« Nouvel Orient »
L’agenda interne irakien a certainement joué dans le projet de Mustafa Al-Kadhimi de convier au cœur de l’été cette conférence régionale. Il espère pouvoir briguer un second mandat à l’issue des élections législatives anticipées du 10 octobre. Son initiative témoigne aussi des efforts qu’il mène depuis sa prise de poste, en mai 2020, pour imposer l’Irak comme un acteur régional de premier plan : médiation entre Téhéran et Riyad, rapprochement avec les puissances du Golfe et projets d’intégration économique avec l’Egypte et la Jordanie dans le cadre de sa vision « nouvel Orient ».
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