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Au Brésil, des milliers d’indigènes manifestent pour leurs terres devant la Cour suprême

Publié le : 26/08/2021 – 02:26

La plus importante manifestation d’indigènes jamais organisée au Brésil s’est déroulée mercredi à Brasilia, devant la Cour suprême qui doit confirmer ou rejeter jeudi la « thèse temporelle ». Cette dernière ne reconnaît comme ancestrales que les terres qui étaient occupées par les indigènes quand a été promulguée la Constitution, en 1988. 

Des milliers d’indigènes en tenue traditionnelle ont manifesté mercredi 25 août à Brasilia, la capitale du Brésil, où la Cour suprême devait rendre un jugement crucial sur leurs terres ancestrales.

Quelque 6 000 membres de 170 tribus, beaucoup portant des coiffes en plumes et brandissant des arcs et des flèches, sont partis vers le siège de la plus haute juridiction brésilienne, espérant faire pression sur ses 11 juges. Il s’agit de la plus importante manifestation d’indigènes jamais organisée au Brésil, selon l’Association des peuples indigènes du Brésil (Apib) qui coordonne la mobilisation.

La Cour a renvoyé à jeudi au plus tôt son jugement concernant ces terres ancestrales, la discussion sur une autre affaire s’étant prolongée mercredi, a-t-on appris auprès du tribunal.

« Comme des insectes »

Les juges doivent confirmer ou rejeter la « thèse temporelle » qui ne reconnaît comme ancestrales que les terres qui étaient occupées par les indigènes quand a été promulguée la Constitution, en 1988. Or de nombreuses tribus ont été déplacées lors des soubresauts de l’histoire brésilienne, notamment sous le régime militaire (1964-85). De retour sur leurs terres, celles-ci réclament la protection du statut accordé aux réserves, auquel est opposé le puissant lobby brésilien de l’agronégoce.

« Pendant la dictature militaire, l’État a vendu nos terres à des fermiers. Ils nous ont expulsés, c’est la raison pour laquelle nous n’étions pas là » en 1988, a expliqué à l’AFP Ana Patte, une militante de l’ethnie Xokleng.  « Ils nous ont tués comme si nous étions des insectes dont ils devaient se débarrasser pour faire des cultures (sur nos terres). »

Ricochet

C’est en tranchant sur le cas spécifique d’une réserve de l’État de Santa Catarina (sud) – décider si la « thèse temporelle » s’y applique ou non – que la Cour suprême rendra un jugement qui concernera par ricochet des dizaines, voire des centaines, d’autres réserves objets de litiges depuis des années.

Le président Jair Bolsonaro a déjà averti que surviendrait « le chaos » si la « thèse temporelle », favorable aussi aux activités de déforestation et de prospection minière illégales, n’était pas confirmée par la Cour suprême. Il a affirmé par le passé qu’il ne cèderait jamais 1 cm2 de terres aux indigènes.

Violations systématiques

« Si la Cour suprême accepte la ‘thèse temporelle’, cela pourrait légitimer la violence contre les peuples indigènes et exacerber les conflits dans la forêt amazonienne et d’autres régions », a averti Francisco Cali Tzay, rapporteur spécial de l’ONU pour les droits des peuples indigènes.

Les manifestants protestent également contre ce qu’ils estiment être des violations systématiques de leurs droits depuis la prise de fonction en janvier 2019 du président d’extrême droite. Jair Bolsonaro soutient un projet de loi qui ouvrirait les terres indigènes à l’exploitation des ressources naturelles. Deux autres propositions de loi sont décriées par les tribus comme encourageant « les invasions » de leurs terres. L’une prône la régularisation des occupations illégales de terres par des orpailleurs, bûcherons ou éleveurs.

Avec AFP

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