L’opposant russe Alexeï Navalny a décrit ses conditions d’emprisonnement dans un entretien au New York Times paru mercredi 25 août, le premier depuis son incarcération en janvier 2021.
« Imaginez quelque chose comme un camp de travail chinois, où tout le monde marche en rang et où il y a des caméras partout. Le contrôle est constant et il y a une culture de la dénonciation », raconte cet avocat de 45 ans dans un échange manuscrit de 54 pages.
Il y détaille le déroulement de ses journées, principalement consacrées au visionnage de la télévision d’Etat russe ou à des films de propagande. « On doit s’asseoir sur une chaise et regarder la télévision (…). Lire, écrire ou faire quoi que ce soit d’autre » est interdit. « Tout est organisé pour que je sois contrôlé au maximum à chaque heure de la journée », raconte-t-il, dénonçant une « violence psychologique ».
Au cours de ses premières semaines d’emprisonnement, les gardes le réveillaient plusieurs fois par nuit, affirme l’opposant russe. « Je comprends maintenant pourquoi la privation de sommeil est l’une des méthodes de torture préférées des services secrets (…). Ça ne laisse pas de traces et c’est insupportable », explique-t-il.
« Le régime de Poutine est un accident de l’histoire »
Il décrit aussi son incarcération en des termes plus légers, confiant ne pas avoir été attaqué ni menacé par ses codétenus, avec qui il cuisine parfois. « C’est amusant », décrit-il.
Le New York Times le décrit comme restant « optimiste » en dépit des circonstances, notamment au sujet de la situation politique en Russie. « Le régime de Poutine est un accident de l’histoire, il n’est pas inévitable », écrit-il, estimant que l’arrivée au sommet de l’Etat de Vladimir Poutine en 1999 – lorsque, président du gouvernement, il devient président par intérim à la suite de la démission de Boris Eltsine – avait été une « erreur » qui serait réparée « tôt ou tard » : « Et la Russie rejoindra une voie de développement démocratique et européen. Tout simplement parce que c’est ce que le peuple veut. »
Il a aussi critiqué les sanctions européennes et américaines contre la Russie, qui selon lui nuisent aux Russes ordinaires, rapporte le New York Times.
M. Navalny a été emprisonné en février dans une colonie pénitentiaire de haute sécurité à Pokrov, à une centaine de kilomètres à l’est de Moscou, où il doit purger une peine de deux ans et demi. Il a été condamné dans une affaire de fraude datant de 2014 – une condamnation que lui-même et de nombreuses capitales occidentales et ONG dénoncent comme « politique ».
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