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En Inde, une mousson de plus en plus erratique

Evacuation d’habitants à la suite de la crue du Gange à Prayagraj, dans l’Etat d’Uttar Pradesh, en Inde, le 12 août 2021. AMAR DEEP SHARMA / AP

Ranjeet Singh habite Sel, un village reculé de l’Uttarakhand dans l’Himalaya qui vit en quasi-autarcie. Les habitants, pauvres, cultivent leurs propres légumes, leur maïs, riz, lentilles, l’essentiel de leur diète. Les plus fortunés possèdent un buffle, qui leur assure lait, beurre et fromage. Mais la grande majorité sait déjà qu’ils ne mangeront pas beaucoup de riz et de dahl, cette année. La mousson, qui s’étale normalement dans ces montagnes de fin juin à fin août, a été totalement erratique.

Il a beaucoup plu dans l’Himalaya en juillet, beaucoup trop. L’Uttarakhand et l’Himachal Pradesh ont été noyés sous des trombes d’eau. La région totalement détrempée a subi des éboulements et glissements de terrain en série. Des pans entiers de montagnes se sont détachés en quelques minutes, emportant routes, voitures, bus, habitations. Août, au contraire, est trop sec, une calamité pour les cultures de riz et de lentilles qui se récoltent en septembre. « C’est une très mauvaise saison pour nous, se désole Ranjeet Singh. Nous ne dépendons que de la mousson, nous n’avons pas de pompe à eau pour irriguer nos parcelles. La nourriture va manquer, parce que ce sont des produits trop chers que nous ne pouvons pas acheter. »

Tout le nord de l’Inde est concerné par cette mousson instable. A New Delhi, elle a tardé à charrier ses pluies, imposant à ses 20 millions d’habitants des températures caniculaires. Il a fait 43,1 °C dans la capitale indienne le 1er juillet. Lorsque la mousson est enfin arrivée, à la moitié du mois, avec seize jours de retard, la mégapole a subi des précipitations très intenses, deux fois plus importantes que la moyenne, provoquant l’engorgement des routes mal drainées et des effondrements d’immeubles. Après un début d’août sec, la ville a été noyée au cours des trois derniers jours, sous un véritable déluge d’eau. Le régime des précipitations s’est considérablement modifié dans la capitale, ces dernières années.

Urbanisation galopante

Le dérèglement de la mousson que connaît le sous-continent est l’une des conséquences du réchauffement climatique. Et le phénomène va s’accentuer avec l’élévation attendue des températures. Le sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié le 9 août, prévoit des épisodes de plus en plus irréguliers et de plus en plus extrêmes : moins de jours de pluie, mais des précipitations plus intenses et plus destructrices, avec des inondations soudaines. Une perspective dramatique pour l’Inde où la mousson est vitale.

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