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Le procès de la « dette cachée », l’un des plus grands scandales de corruption au Mozambique qui a plongé le pays dans une grave crise financière et embarrasse jusqu’au sommet de l’Etat, s’est ouvert, lundi 23 août, dans une prison de Maputo.
Dix-neuf personnes accusées de « chantage », « faux », « détournement de fonds » et « blanchiment », pour des montants de plusieurs millions d’euros, doivent être entendues lors d’audiences prévues sur près de deux mois. Parmi elles, le fils de l’ex-président Armando Guebuza, Ndambi Guebuza.
Emmitouflé dans un manteau, ce dernier était présent comme tous les autres accusés à l’audience qui s’est ouverte en début de matinée dans un tribunal de fortune, une tente installée dans l’enceinte de la prison de haute sécurité de Machava, où il est en détention provisoire depuis deux ans et demi. Les tribunaux du pays ont été jugés trop petits pour accueillir les dizaines d’avocats et les témoins, sans compter les 250 journalistes accrédités pour suivre cette affaire.
Entre 2013 et 2014, les entreprises publiques mozambicaines Proindicus, Ematum et Mam avaient contracté pour 1,76 milliard d’euros de prêts, notamment auprès du Crédit suisse et de la banque russe VTB pour financer des projets de surveillance maritime, de pêche et de chantiers navals. Cette opération aurait en fait couvert une vaste entreprise de corruption au profit de proches du pouvoir. Ndambi Guebuza est soupçonné d’avoir joué les « facilitateurs » auprès de son père président. Parmi les accusés figure aussi l’ancien chef des services de sécurité, Gregorio Leao.
La plus grave crise financière
L’affaire éclate en 2016, lorsque le gouvernement révèle avoir contracté ses prêts sans prévenir le Parlement ni les bailleurs de fonds qui aident déjà le pays, l’un des plus pauvres du monde, à surmonter une crise économique majeure. Après ce scandale, le Fonds monétaire international (FMI) et la plupart des soutiens du pays suspendent leurs aides.
Maputo est contraint d’interrompre le remboursement de sa dette et sa monnaie, le metical, s’effondre, plongeant le pays dans la plus grave crise financière depuis son indépendance, en 1975. Ce scandale, dit de la « dette cachée », est à l’origine de plusieurs autres procédures judiciaires aux Etats-Unis, en Suisse et au Royaume-Uni.
L’affaire embarrasse aussi le président actuel, Filipe Nyusi, mis en cause par un témoignage dans un pan de l’affaire examiné aux Etats-Unis. Ministre de la défense à l’époque, il est accusé d’avoir touché des commissions occultes.
Absent du procès, l’ex-ministre des finances Manuel Chang, qui aurait lui aussi perçu plusieurs millions en pots-de-vin, a été arrêté en Afrique du Sud fin 2018. Il sera finalement extradé vers le Mozambique, alors que les autorités américaines le réclamaient aussi, selon un document du ministère sud-africain de la justice, dont l’AFP a eu copie.
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