A cinq semaines des élections législatives en Allemagne, la chancelière Angela Merkel a apporté, samedi 21 août, un soutien ferme à son dauphin conservateur Armin Laschet, embourbé dans les difficultés pendant la campagne, se disant « profondément convaincue » qu’il lui succéderait. La chancelière de 67 ans, qui s’engageait pour la première fois en participant à un meeting de son camp conservateur, à Berlin, a insisté sur les qualités humaines d’Armin Laschet, capable, selon elle, « de construire des ponts entre les gens ».
« Il a toujours été important pour lui de placer la dignité individuelle et inaliénable au centre de tout », a-t-elle martelé. « Je suis profondément convaincue » que « c’est avec cette attitude qu’il servira les Allemands en tant que chancelier », a-t-elle ajouté alors que la campagne du candidat de son parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), pour le scrutin du 26 septembre, patine. La CDU, avec son allié bavarois CSU, reste en tête des intentions de vote mais a chuté à entre 22 % et 23 %, contre environ 30 % il y a quelques semaines. Depuis le début de l’année où il caracolait à 36 %, la chute est vertigineuse.
La discrétion comme mot d’ordre
Angela Merkel, qui s’apprête à se retirer de la vie politique après seize années au pouvoir, s’était jusqu’ici donnée pour mot d’ordre de rester très discrète en vue du scrutin pour laisser le champ libre à son successeur désigné. Devant cette dégringolade dans les sondages, elle tente désormais, grâce à la popularité record dont elle continue de jouir malgré ses trente et un ans de carrière politique, de glaner des points pour les conservateurs.
Fragilisé par une série de maladresses, Armin Laschet s’en est pris à ses deux principaux rivaux, les sociaux-démocrates et les Verts, assurant vouloir « combattre avec tout ce que je peux pour que ce pays ne soit pas dirigé par des idéologues ». Son parti, qui a largement dominé la vie politique de l’après-guerre, « veut gouverner non pas parce que nous avons envie de gouverner mais parce que nous devons gouverner pour que l’Allemagne emprunte le bon chemin », a-t-il dit devant une centaine de militants.
Les conservateurs sont désormais talonnés par le Parti social-démocrate (SPD), qui, emmené par le ministre des finances, Olaf Scholz, effectue une remontée surprise avec 21 % des intentions de vote, selon les derniers sondages. Avec un score actuel de seulement 17 %, les écologistes traversent, eux, un long passage à vide depuis le début de l’été, loin de l’euphorie qui avait suivi en avril l’annonce de la candidature d’Annalena Baerbock. Les Verts avaient même alors dépassé les conservateurs dans les sondages.
Réputé peu charismatique et piètre orateur, Olaf Scholz a su développer une image de compétence auprès des électeurs quand Armin Laschet et Annalena Baerbock multipliaient les bourdes et devaient se défendre d’accusations de plagiat.
Coût politique de la gestion des inondations
La mauvaise gestion politique des inondations meurtrières en juillet dans l’ouest du pays par Armin Laschet, dirigeant de l’une des deux régions frappées par la catastrophe, lui a également coûté cher en termes de popularité et favorisé la remontée du SPD. Les images le montrant hilare derrière le président Frank-Walter Steinmeier, en pleine inondation, ont suscité l’opprobre et eu un effet calamiteux sur un homme qui n’a jamais fait l’unanimité dans sa propre formation politique.
Alors que les résultats du vote seront scrutés dans toute l’Europe, Armin Laschet est de plus en plus contesté dans les rangs de son parti où certains réclament qu’il retire sa candidature. Elu laborieusement à la tête de la CDU en janvier, ce centriste de 60 ans a eu ensuite toutes les peines du monde à s’imposer face à son rival bavarois Markus Söder pour la tête de liste CDU-CSU.
Ce dernier lui a néanmoins assuré samedi : « Armin, tu peux compter sur mon soutien, je le dis en toute honnêteté. » Mais il a aussi tiré la sonnette d’alarme, jugeant que la tendance actuelle était « claire ». « C’est serré, ce sera très serré et tout le monde doit comprendre » que l’enjeu est tout ou rien, a-t-il insisté, avant d’ajouter : « Je n’ai aucune envie d’aller dans l’opposition. »
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