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Afghanistan : Joe Biden mis à l’épreuve par l’évacuation des Américains

Joe Biden évoque les évacuations de citoyens américains en cours en Afghanistan, depuis la Maison Blanche, à Washington, le 20 août 2021. ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP

Six mille soldats américains dans l’aéroport de Kaboul, dans un périmètre de sécurité sous la pression d’une foule extérieure vacillant entre colère et désespoir. On crie, on interpelle, on supplie, on tend même des bébés, les caméras filment, et chaque séquence est un supplice pour la Maison Blanche en termes d’image.

Six mille soldats sous le regard du monde, chargés d’une tâche redoutable après le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan : celui d’évacuer du pays leurs compatriotes et les nombreux locaux qui ont, pendant vingt ans, contribué aux missions militaires et civiles américaines, ou qui sont directement menacés pour leur engagement.

Une nouvelle fois, vendredi 20 août, Joe Biden s’est exprimé sur les opérations militaires et diplomatiques en cours. Il s’agit selon lui de l’un des ponts aériens « les plus difficiles de l’histoire », que seuls les Etats-Unis seraient capables de mettre en œuvre. « Une mission incroyablement difficile et dangereuse » pour l’armée américaine, qui s’autorise quelques expéditions de sécurisation dans la ville de Kaboul. Par exemple, a précisé le président, pour superviser un convoi français de rapatriement, entre l’ambassade et l’aéroport.

A l’attention des Américains encore présents dans le pays, dont le nombre n’a pas été établi, Joe Biden a lancé : « on vous ramènera à la maison. » Mais le ton du président était prudent, voire pessimiste par moments. « Je ne peux pas promettre quel sera le résultat final, que ce sera sans risque de pertes », a-t-il déclaré, en citant la menace terroriste, après la libération en masse de prisonniers par les talibans.

Des « contacts constants » avec les talibans

Joe Biden espère toujours que cette évacuation pourrait être conclue d’ici au 31 août, ce qui paraît assez douteux aux yeux de nombreux experts. L’accès des civils américains à l’aéroport, au travers des barrages talibans puis de la foule autour de son enceinte, semble poser de nombreuses difficultés. « On a un accord avec les talibans. Jusqu’à présent ils les ont autorisés à passer. C’est leur intérêt de les laisser passer. (…) Mais nous ferons tout ce qui est nécessaire pour s’assurer qu’ils parviennent à l’aéroport. »

Le président américain a précisé que des « contacts constants » avaient lieu avec les talibans à Kaboul ainsi qu’avec leurs représentants à Doha. Comme si la parole de ce groupe avait soudain acquis une valeur quelconque. Jeudi, 169 ressortissants américains, cloîtrés dans l’hôtel Baron à proximité de l’aéroport, ont même été évacués par trois hélicoptères de l’armée, a précisé le Pentagone. Une extraction décidée sur le terrain, qui montre l’extrême délicatesse de la mission. Qu’en sera-t-il pour les Afghans réclamant l’asile et les Américains coincés en dehors de Kaboul ? L’armée américaine et les spécialistes du renseignement, familiers du terrain, marchent sur un fil.

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