Il est sorti parmi les premiers de l’A330 Phénix de l’armée de l’air, mercredi 18 août au soir sur le tarmac de Roissy. Thibaud Agbotsoka-Guiter, humanitaire de 38 ans, originaire d’Angers (Maine-et-Loire), figurait sur la liste des 216 passagers, dont 184 Afghans, exfiltrés de Kaboul à l’aube, après une nuit passée à traverser au ralenti la capitale afghane, sous le contrôle des talibans depuis le 15 août.
Soulagé, après quatre jours reclus entre les murs de l’ambassade de France avec soixante-dix autres personnes, dont cinq Français, deux Kényans et une majorité d’Afghans. Le tout sous la garde de onze hommes du RAID.
Thibaud Agbotsoka-Guiter n’était dans le pays que depuis le 31 juillet, missionné comme responsable du département de santé mentale pour le compte d’une organisation non gouvernementale (qui ne souhaite pas être citée). « Une première tentative d’exfiltration devait avoir lieu lundi matin, raconte-t-il. On nous avait dit de nous regrouper vers 5 h 30 mais les hélicoptères américains ne sont pas venus. Ils avaient été la cible de tirs pendant la nuit et vu l’angle des balles traçantes, cela provenait probablement du palais présidentiel pris par les talibans. »
L’issue est proche
Après l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron, lundi soir, il a bien cru que l’heure était venue de décamper quand, vers minuit, les hommes du RAID sont venus les chercher. « Ils nous ont réveillés pour nous faire monter dans un bus blindé. Et puis on a entendu : “On annule l’opération, l’Elysée vient d’appeler. Le président de la République a décidé d’annuler.” On est retourné se coucher. »
La journée qui suit, mardi, est, en revanche, très calme, même aux abords de l’ambassade. « On entendait quelques coups de feu à l’extérieur mais on ne savait pas si c’était des tirs de joie, des voleurs qui s’attaquaient aux maisons ou les talibans qui tiraient sur quelqu’un. » Dans la cour de l’ambassade, où les rumeurs diverses trompent l’ennui, l’issue est pourtant proche.
« Vers 20 heures, les hommes du RAID nous ont dit “On est partis.” On a pris que nos sacs, les grosses valises sont restées sur place. » Dans le jardin de l’ambassade, ils sont rejoints par plusieurs dizaines d’Afghans et montent dans un cortège de bus. « Peut-être trois minutes après avoir quitté l’ambassade, on sort de la “zone verte”, il y a des centaines d’Afghans agglutinés devant les représentations étrangères de pays qui ont promis d’accueillir des ressortissants afghans chez eux. Nous, on est tout de suite arrêtés à un checkpoint. Les talibans armés entourent le bus et ça palabre à n’en plus finir. Il fait très chaud, il n’y a pas la clim dans ce bus blindé et il est impossible d’ouvrir les fenêtres. Il y a des bébés qui hurlent. C’est la cacophonie. »
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