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DécryptagesLes talibans contrôlent l’accès à l’aéroport, sécurisé par les Etats-Unis, tandis que les évacuations s’accélèrent. La France a dépêché deux avions militaires et des forces spéciales pour gérer les exfiltrations.
A Kaboul, l’aéroport est devenu le point de départ d’un gigantesque pont aérien, dans l’espoir de fuir le régime taliban. Les évacuations des ressortissants étrangers et des Afghans qui ont travaillé pour les Occidentaux ces vingt dernières années se poursuivent dans des conditions toujours très compliquées, voire dramatiques. Lundi 16 août, au lendemain de la victoire des insurgés islamistes, les pistes ont été envahies par des milliers de candidats à l’exil, dans une confusion à la mesure du choc suscité par la chute de l’ancien régime. Depuis, le ballet des avions militaires − les vols commerciaux sont à l’arrêt − est monté en puissance. Douze personnes seraient mortes sur l’aéroport et dans ses alentours, selon l’OTAN et des responsables talibans.
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Mercredi 18 août, les zones environnantes de l’aéroport ont ainsi été le théâtre de scènes d’une grande violence. Les talibans s’en sont pris à une foule d’Afghans qui essayaient de se rendre au seul point encore possible de départ du pays. « Ils ont tiré des gaz lacrymogènes et à balles réelles directement sur les gens, témoigne un Afghan, présent sur place et qui préfère rester anonyme. J’ai vu un homme tombé par terre. Les talibans mettaient aussi des coups à la tête et aux jambes des gens. C’était horrible. » Un représentant taliban a déclaré à l’agence Reuters que des combattants avaient tiré en l’air pour disperser la foule réunie à l’aéroport, tout en niant que les tirs étaient destinés à blesser ou à tuer. Il a imputé les scènes de chaos dans l’aéroport aux forces occidentales dont les opérations d’évacuations seraient « désordonnées ».
Un groupe de ressortissants afghans arrivés de Kaboul dans un Airbus de l’armée de l’air espagnole patientent sur la base aérienne de Torrejon de Ardoz, près de Madrid, le 19 août. BELEN DIAZ / AFP Un avion militaire avec à son bord une cinquantaine de rapatriés d’Afghanistan, sur la base aérienne de Torrejon de Ardoz, près de Madrid en Espagne, le 19 août 2021. BELEN DIAZ / AFP
Course contre la montre
De fait, les opérations font l’objet de tractations tendues entre les Occidentaux et les nouveaux maîtres de Kaboul. Alors que la sécurité à l’intérieur de l’aéroport est assurée par les Etat-Unis − 6 000 soldats américains sont sur place −, les routes menant au seul point de sortie du pays sont sous le contrôle des talibans qui y érigent des checkpoints. Or, lors de ces contrôles, les talibans empêchent parfois les voyageurs afghans de se rendre à l’aéroport. Cela a été le cas pour Reza, Afghan détenteur d’un passeport britannique. Alors qu’il était censé prendre un vol charter pour Doha, au Qatar, mardi 17 août, il a réussi à passer les deux premiers checkpoints, mais au troisième, il a été refoulé. « Ils m’ont dit que seuls les vrais étrangers pouvaient aller à l’aéroport », explique-t-il au Monde.
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