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La Grèce inquiète face à un possible afflux de réfugiés afghans

Des centaines de personnes se rassemblent pour fuir leur pays sur le tarmac de l’aéroport international de Kaboul, en Afghanistan, lundi 16 août 2021. SHEKIB RAHMANI / AP

« L’Europe doit agir et ne pas laisser nos familles, et des milliers de personnes innocentes aux mains des talibans, des meurtriers ! », s’exclame Fatima Khawri, une réfugiée afghane de la minorité chiite hazara, particulièrement ciblée par les talibans. Depuis plusieurs jours, elle s’inquiète pour ses grands-parents maternels et pour son oncle, policier, « qui a déjà été arrêté et risque d’être tué ». « Ils veulent venir en Grèce nous rejoindre. Mais ils n’ont pas les moyens… Et y seront-ils autorisés ? Les Grecs les laisseront-ils venir ? », se demande la jeune femme.

Fatima s’est d’abord exilée en Iran puis en Grèce. « Je ne pense pas qu’un jour je reverrai mon pays. Le retour semble désormais impossible. Les femmes n’ont plus d’avenir en Afghanistan, elles ne peuvent même plus sortir dehors sans un homme ou aller étudier… », explique-t-elle, au milieu d’une foule de quelque cinq cents migrants qui défilaient, jeudi 19 août, à Athènes, face au Parlement grec, pour dénoncer la prise de pouvoir des talibans à Kaboul.

Drapé dans un foulard aux couleurs de l’Afghanistan, Ali Nazari est lui aussi rivé sur son smartphone pour suivre l’actualité de son pays. « Mon petit frère de 11 ans est encore là-bas. J’ai peur que les talibans le forcent à combattre avec eux. Ma sœur de 10 ans risque, elle, d’être mariée de force. C’est un cauchemar », confie-t-il. Depuis deux ans en Grèce, l’adolescent s’inquiète que l’Europe ne reste une forteresse inaccessible pour ses proches. « La Grèce ne veut pas accueillir plus de réfugiés. Ils ne comprennent pas que nous fuyons les terroristes et que ce n’est pas un choix de partir de son pays », note-t-il, amer.

Sur les îles, 45 % des nouveaux arrivants sont afghans

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), les Afghans représentent près de 30 % des quelque 105 000 réfugiés et demandeurs d’asile en Grèce. Et près de 45 % des nouveaux arrivants dans les îles de la mer Egée sont des Afghans. C’est la première nationalité actuellement parmi les migrants arrivant en Grèce.

Athènes a durci sa politique migratoire depuis l’élection du premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis, en juillet 2019. Le ministre grec des migrations, Notis Mitarakis, ne compte pas revenir en arrière, c’est-à-dire en 2015, lorsque la Grèce était la « porte d’entrée » vers l’Europe du million de réfugiés fuyant la guerre en Syrie. Il se targue d’avoir réduit de 79 % en un an le nombre de demandeurs d’asile sur les îles grecques, mais les défenseurs des droits de l’homme estiment que cette baisse est le résultat de refoulements illégaux et violents des demandeurs d’asile en mer Egée.

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