« Les talibans ont gagné la guerre. Donc nous devons parler avec eux », a sobrement indiqué Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, à l’issue d’une réunion, mardi 17 août, par visioconférence des ministres des affaires étrangères. Après le choc provoqué par la chute rapide de l’Afghanistan aux mains des insurgés islamistes, l’Europe tente de s’adapter en urgence à cette nouvelle donne, notamment pour rapatrier ses ressortissants et les Afghans les plus vulnérables, alors qu’elle commence également à dresser le bilan amer des vingt ans d’intervention des alliés de l’OTAN dans ce pays.
Dans l’immédiat, l’enjeu est de coordonner les efforts des Etats membres pour évacuer leurs citoyens, ainsi que les milliers d’Afghans avec lesquels ils ont collaboré, parfois pendant vingt ans. L’Union européenne (UE) a réitéré qu’elle veillera également à rapatrier les personnes qui ont travaillé pour sa délégation sur place et leurs familles, soit environ quatre cents individus. Puisque l’UE n’a pas la capacité d’émettre des visas ni d’organiser des rapatriements, chaque Etat membre contribuera à sa manière à cet effort collectif. L’Espagne s’est portée volontaire pour accueillir ces personnes, avant qu’elles soient réparties entre les pays européens leur offrant des visas. L’Italie fournira les dispositifs nécessaires pour établir un pont aérien, tandis que la France assure la sécurité militaire sur place et maintient par ailleurs une présence diplomatique à l’aéroport de Kaboul.
Sur le terrain, la situation est néanmoins « très compliquée », affirme une source européenne, alors que les talibans empêchent violemment les Afghans candidats au départ d’accéder à l’aéroport. « Elle se dégrade rapidement », dit une autre. En raison de « circonstances chaotiques », seules sept personnes ont par exemple pu monter à bord d’un A-400M allemand dépêché sur l’aéroport de Kaboul.
« Un vœu pieux »
Les Vingt-Sept veulent donc avant tout communiquer avec les talibans pour poursuivre les rapatriements. L’UE enverra du personnel supplémentaire pour organiser ces contacts logistiques. Restera la question du rapport politique que les Etats membres établiront avec le nouveau régime. Les Européens se veulent prudents et insistent sur le respect par l’Afghanistan de ses obligations internationales, se servant du levier de l’aide européenne au développement, tout en restant conscients du fait que leur pouvoir d’influence est désormais limité.
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