Depuis trois semaines, Shareef M., un Afghan de 32 ans qui bénéficie de la protection internationale en France, n’a plus aucune nouvelle de sa famille. Sa femme et ses six enfants vivent dans un village contrôlé par les talibans, situé à quelques kilomètres de la frontière avec le Pakistan. « Les talibans ont déjà tué mon père et mon frère. Ils ont menacé ma femme », explique, la gorge serrée, cet ancien chauffeur pour l’OTAN. Il s’est récemment connecté sur Facebook. Et y a découvert que son cousin, gendarme de profession, avait été brûlé dans sa voiture.
Shareef M., qui vit aujourd’hui dans le Tarn, a fui l’Afghanistan en 2015, juste après l’assassinat de son père, lui aussi chauffeur pour l’OTAN. Depuis qu’il a obtenu l’asile, il tente de faire venir sa famille en France, en vain. En principe, la loi prévoit que les personnes réfugiées, les bénéficiaires de la protection subsidiaire et les apatrides peuvent être rejoints par leur conjoint et leurs enfants de moins de 18 ans dans le cadre d’une procédure de « réunification familiale ». Pour cela, une demande de visa doit être formulée auprès des autorités consulaires françaises situées dans le pays d’origine. Les proches de Shareef M., eux, ont déposé une première demande de visa en 2019. « Depuis, nous n’avons eu aucune réponse », souffle-t-il.
Des centaines de familles afghanes attendent toujours que leur dossier soit traité. Une situation qui s’éternise. Ces dernières semaines, leur inquiétude redouble, alors que les talibans sont en train de prendre le contrôle du pays.
« Délai totalement déraisonnable »
L’organisation des services consulaires français dans la région est la cause de ces délais. En mai 2017, à la suite de l’attentat survenu dans le quartier des ambassades de Kaboul, le service des visas de l’ambassade de France a fermé, occasionnant un important retard dans le traitement des dossiers. A partir de mars 2018, les Afghans concernés ont dû adresser leur demande aux services consulaires de l’ambassade de France au Pakistan.
En 2020, la crise sanitaire due au Covid-19 est venue allonger un peu plus l’attente. A partir de mars 2020, l’enregistrement des demandes de visa au titre de la réunification familiale a été presque intégralement gelé par les autorités françaises, afin de « lutter contre l’épidémie ». L’étude des dossiers n’a véritablement repris qu’en début d’année, après que le Conseil d’Etat a suspendu la décision du gouvernement. Selon une information reçue par des avocats et des associations, à la fin du mois de janvier, 3 500 dossiers étaient en attente de traitement à Islamabad.
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