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Factuel« La guerre est terminée », a assuré le porte-parole des insurgés islamistes, dimanche soir, après la fuite du président, Ashraf Ghani. Dans la capitale, les hélicoptères sillonnaient le ciel pour évacuer, en urgence, les ambassades occidentales.
Kaboul est tombé aux mains des talibans, dimanche 15 août, presque vingt ans après qu’ils en ont été chassés par les Américains qui voulaient les punir d’avoir hébergé Al-Qaida. En fin de journée, le drapeau des islamistes ne flottait pas encore sur le palais présidentiel, face à l’ancien siège imposant de la CIA, mais plusieurs commandants insurgés prenaient déjà la pose, installés dans le fauteuil du président afghan, Ashraf Ghani, qui a fui à l’étranger dans la matinée ne laissant qu’un message sur Facebook : « Les talibans ont gagné. » Dans la soirée, le porte-parole du bureau politique des talibans, installé à Doha au Qatar, Mohammad Naeem, déclarait que « la guerre était terminée ».
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Quelques heures plus tôt, alors qu’au sol les talibans prenaient le contrôle de la capitale, les hélicoptères sillonnaient le ciel pour évacuer, en urgence, les ambassades occidentales et transférer leurs personnels vers l’aéroport de Kaboul. Leurs collègues russes, pakistanais ou chinois, montrant moins de crainte, restaient cloîtrés dans leurs chancelleries. Les fumées noires aperçues, ça et là, n’étaient pas le signe de combat, mais celui des tonnes de documents et d’archives que les ministères, les services de sécurité ou les diplomates occidentaux voulaient soustraire aux nouveaux maîtres de l’Afghanistan.
Les talibans accueillis par la foule dans l’ouest de Kaboul, le 15 août 2021. ANDREW QUILTY / AGENCE VU POUR « LE MONDE »
Les quelques rafales d’armes automatiques entendues dans la ville ont ajouté à une panique que n’arrangeaient pas les embouteillages monstres. L’image de Saïgon, au Vietnam, évacuée en catastrophe en 1975, affleurait dans de nombreux esprits. Mais le ministre de l’intérieur, Abdul Sattar Mirzakwal, a fait état dimanche d’un accord en cours de négociation, à Doha, au Qatar, sur un « transfert pacifique du pouvoir ».
Extrême faiblesse de l’Etat et des forces de sécurité
La capitale, forte de 6 millions d’habitants, aura été préservée des violents combats qui ont touché d’autres villes. Contre toute attente, elle s’est rendue avec une facilité qui lève le voile sur la nature d’un régime tenu à bout de bras, depuis vingt ans, par Washington. Il a suffi que les forces américaines se retirent du pays, entre mai et juillet, pour qu’il s’écroule comme un fruit mûr. L’extrême faiblesse de l’Etat et des forces de sécurité est apparue criante et très éloignée des discours officiels américains, afghans ou de l’OTAN.
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Désormais, la population afghane et la communauté internationale s’interrogent sur l’avenir d’un pays dirigé par un mouvement qui se décrit avant tout comme religieux même si, depuis sa défaite éclair, en 2001, il a aussi acquis une redoutable culture politique. Les insurgés ont multiplié les propos rassurants et voulu montrer un visage réaliste. Si des exactions ont été rapportées du terrain, la direction du mouvement a voulu limiter les dérapages. Après avoir conquis les villes, les premières lignes insurgées se retiraient au profit de groupes chargés d’aller au contact des employés du gouvernement et des municipalités pour leur demander de reprendre le travail.
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